Après les intermittents, le MEDEF s’attaque aux seniors

Négociation interpro par Clarisse Josselin

La quatrième séance de négociation de l’assurance-chômage s’est tenue le 27 février. FO maintient ses revendications et dénonce les positions régressives du patronat.

« Ça sent le Gattaz, ça va péter ! » Scandant ce slogan, plusieurs milliers d’intermittents du spectacle ont manifesté le 27 février, de Port-Royal au siège du Medef où se tenait la quatrième séance de négociation de l’assurance-chômage.

Le texte proposé par le Medef le 13 février a mis sur la table des propositions inadmissibles, dont la suppression du régime spécifique des intermittents. Véritable chiffon rouge qui n’a d’ailleurs pas été réitéré au sortir de la séance, cette proposition a focalisé l’attention des médias. « On ne peut pas laisser passer une telle provocation : iront dans le régime général ceux qui travaillent le plus, ça ne fera qu’amplifier les inégalités, dénonce Jean-Luc Bernard, Secrétaire général du syndicat FO Musiciens. Mais il n’y a pas que les intermittents dans le collimateur du Medef, il veut taper sur tous les chômeurs et tous les précaires. »

Alors que l’actuelle convention expire fin mars, patronat et syndicats ont prévu d’aboutir à un éventuel accord le 13 mars. Mais la négociation est très difficile. Lors de cette séance, FO a maintenu ses revendications présentées le 13 février. Le patronat a entendu l’une d’elles et a accepté de modifier la réglementation actuelle pour prendre en compte l’intégralité des périodes d’affiliation des salariés multi-employeurs et confrontés à plusieurs ruptures de contrats de travail.

Pour le reste, « le patronat est resté campé sur ses revendications qui constituent, pour la plupart, des reculs pour les droits des salariés privés d’emploi », dénonce le secteur emploi dans une circulaire.

La discussion a entre autres porté sur la question des seniors, une catégorie particulièrement touchée par le chômage avec une hausse de 11% en un an. Le patronat veut faire passer de 50 à 55 ans l’âge d’accès à une indemnisation supérieure à 24 mois, jusqu’à 36 mois. Il prétend ainsi lutter contre la pratique de préretraites déguisées en entreprise, argument auquel s’oppose FO.

APPROCHE GROSSIÈRE ET COMPTABLE DU PATRONAT

« Avec des âges minimums de départ à la retraite compris entre 60 et 62 ans, on ne peut pas sérieusement avancer que des salariés de 50 à 55 ans négocieraient des départs anticipés », poursuit la circulaire. Dénonçant une « approche grossière et comptable du patronat », FO souligne que cette économie de 500 millions d’euros ferait potentiellement perdre à 30 000 personnes un an d’indemnisation.

Le patronat veut aussi repousser de 61 à 62 ans le maintien dans le régime d’assurance-chômage des demandeurs d’emploi n’ayant pas tous leurs trimestres afin de liquider une retraite à taux plein. En échange, il propose de décaler de 65 à 67 ans l’âge maximal d’indemnisation. Mais c’est un marché de dupes puisque, comme le rappelle FO, cette prolongation est déjà présente dans la réglementation de l’assurance-chômage. Et pour ces bénéficiaires, le Medef voudrait remplacer l’allocation d’assurance-chômage par une allocation équivalente au montant mensuel moyen de la pension de retraite, proposition dont l’impact n’a pas encore été évalué.

FO a aussi rejeté la proposition du patronat de modifier les règles de cumul de revenus, en cas d’activité réduite, et d’allocations chômage. Pour une économie de 290 millions d’euros par an, ce procédé réduirait de 130 euros par mois les allocations de 490 000 allocataires et de 200 euros celles de 70 000 allocataires.

FO a également émis des réserves sur la suppression du plafond de 75 jours de carence en cas de versements d’indemnités supra légales et dénoncé une dégressivité de l’allocation chômage dans la mise en place de droits
rechargeables.

 Voir en ligne  : Musiciens FO - Site internet

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante