Ballon d’essai météo : d’une particule plusieurs coups

Consommation par Michel Pourcelot

Le dépassement du seuil d’alerte de pollution aux particules fines étant essentiellement dû à des exportations allemandes, pourquoi le gouvernement français n’a-t-il pas fermé ses frontières plutôt que d’imposer une circulation alternée à Paris et dans quelque vingt-deux communes d’Île-de-France, pour la seule journée du 5 mars dernier, avant que le vent ne tourne ? Des raisons cachées de politique électorale ont été plus largement évoquées que d’autres pour le moins inquiétantes pour les consommateurs, du moins pour les plus modestes. Ainsi les déclarations gouvernementales ne sont pas sans évoquer le lâchage d’un ballon d’essai, favorisé par la météo. Assorties de drapeaux inattaquables : « La santé publique nécessite un effort », déclare le ministre de l’Écologie avant que le chef du gouvernement constate, satisfait du résultat, que cet effort a été « accepté ». Il ne reste plus qu’à obliger, en cas d’épisode de grand froid, les habitants des numéros impairs à ne pas se chauffer, au vu de la responsabilité supérieure des chauffages dans les émissions de particules fines. Celles émises par un poêle à bois durant neuf heures équivalent à celles d’une voiture à essence roulant pendant une année complète. Les moteurs à essence ne représentent d’ailleurs que 10% des 27% de part de responsabilité attribuée au transport routier dans l’émission des particules fines. Se profilent en fait des nuages menaçants pour les automobilistes français, surtout ceux qui ont déjà du mal à payer leurs pleins de carburant : la remontée des prix du gazole, le plus polluant, la mise en place de péages à l’entrée des grandes agglomérations et des mesures contre les véhicules les plus anciens, histoire de relancer une industrie en difficulté sans augmenter le pouvoir d’achat. Quant au secteur industriel, second plus gros émetteur de particules, en augmentation –31% en 2011 contre 26% en 2010–, selon les chiffres mêmes du CITEPA, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, il ne figure guère au rang de ceux que l’on veut mettre à contribution. Mais c’est dans l’air du temps...

 Voir en ligne  : AFOC - Associations FO Consommateurs - Site

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante