Beauté vénéneuse

BEAUTÉ VÉNÉNEUSE par Michel Pourcelot

La beauté peut-elle être fatale ? Ou du moins les cosmétiques et autres produits de beauté et d’hygiène peuvent-ils nuire sérieusement à la santé ? Ils remontent à des millénaires. Dans l’Antiquité, les Égyptiennes usaient de métaux lourds, comme le chlorure de plomb, pour cerner leurs yeux de noir, mais dans des proportions faibles permettant de bénéficier d’un effet bactéricide. Aujourd’hui les onguents modernes se révèlent, si l’on en croit des études récentes, posséder des effets bien plus pernicieux. Si les parabènes ont été voués aux gémonies, leur éviction pourrait bien être un rideau de fumée dissimulant d’autres produits néfastes. Quoi qu’il en soit, la Commission européenne, empêtrée dans les soupçons de conflits d’intérêts de ses experts, semble vouloir redorer son blason, ou au mieux ravaler sa façade, en les prenant pour cibles. Publiée cette année, une étude sur plus d’une soixantaine de produits d’hygiène et de beauté d’usage quotidien, tels que dentifrices, savons, déodorants, gels douche, fonds de teint, rouges à lèvres et vernis à ongles, commercialisés en Europe, a révélé qu’ils contenaient bon nombre de ces perturbateurs endocriniens (PE), c’est-à-dire des dérégulateurs du système hormonal, non sans conséquences sur la fertilité ou les troubles neurocomportementaux, à plus ou moins longue échéance. Pris séparément certains produits ne dépassent pas les normes légales, mais les doses s’additionnent en cas d’utilisation combinée. Sans compter l’« effet cocktail » lors de l’association avec d’autres molécules. En septembre, une autre étude a relancé le débat en chiffrant à 40% la proportion de produits d’hygiène et de beauté, mais aussi d’entretien et alimentaires, en contenant. Les experts de tous bords ont été mobilisés autour de ce débat qui perturbe les grands industriels mais aussi les consommateurs.

 Voir en ligne  : AFOC - Associations FO Consommateurs - Site

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante