« C’était un internationaliste totalement convaincu »

Guy Ryder - Directeur général de l’OIT

La disparition de Marc Blondel a plongé l’OIT dans les mêmes sentiments de perte et de tristesse que ceux ressentis dans les rangs du mouvement syndical français et international.

La personnalité de Marc, son franc-parler, son impatience et son emportement vis-à-vis des comportements et opinions avec lesquels il était en désaccord, pourrait laisser penser qu’il n’était pas naturellement adapté aux procédures diplomatiques et parfois lentes de l’OIT. Mais la réalité était tout autre. Il a été pendant vingt-quatre ans membre du groupe des travailleurs au sein du conseil d’administration de l’OIT, endossant le rôle de leader à de nombreuses occasions et joignant à ses contributions l’énergie et l’engagement dont il faisait preuve dans tout ce qu’il entreprenait.

À la surprise de beaucoup, il était prêt à travailler dur et longuement sur des processus bureaucratiques de l’OIT des plus compliqués. Et, ce qui ne surprendra personne, Marc était l’un des deux signataires de la plainte déposée en 1982 contre le gouvernement de la Pologne pour violation des droits syndicaux, faisant suite à la déclaration de la loi martiale. Cette plainte qui a abouti sur une commission d’enquête largement reconnue comme déterminante dans le changement historique qui a eu lieu en Pologne et en Europe, amenant Lech Walesa à reconnaître ses « contributions significatives aux changements qui ont entraîné la démocratie » dans son pays.

En fait, l’engagement de toute une vie de Marc à l’OIT (il a continué à servir, dans le cadre du syndicat du personnel de l’OIT, au Comité des retraites jusqu’à sa mort) n’est pas surprenant pour ceux qui le connaissaient vraiment. C’était un internationaliste totalement convaincu. Il était dévoué et a consacré sa vie à la lutte pour la justice sociale. Il comprenait que la loi internationale est cruciale pour la défense des droits des travailleurs. Il excellait dans les arts oratoires et les processus politiques, et il avait trouvé en l’OIT une scène mondiale pour les exercer. Intransigeant, loyal envers les gens et les principes et mû par un engagement infatigable envers les causes qu’il défendait, Marc se souciait réellement de l’OIT et l’a servie comme peu l’ont fait.

Guy Ryder - Directeur général de l’OIT

 Voir en ligne  : C’était Blondel - supplément à FO Hebdo n°3110 du 20 mars 2014 [PDF]