Chômage : sombre printemps

Voix de presse par Michel Pourcelot

La hausse du chômage s’est accélérée en avril : le nombre des demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (sans aucune activité) a atteint un nouveau record, selon les chiffres présentés le 28 mai par le ministère du Travail. L’optimisme maintenu par le gouvernement n’a guère été partagé par la presse.

Le Bien Public
« Après une stabilisation en mars, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a repris sa hausse en avril avec 14 800 nouveaux inscrits à Pôle emploi en métropole (+0,4%), atteignant le niveau record de 3 364 100, a annoncé mercredi le ministère du Travail. La hausse est encore plus marquée en incluant les demandeurs d’emploi exerçant une petite activité, (+36 400, +0,7%), pour un total de 4 985 900 à la fin avril (5 285 600 avec l’outre-mer), également un record. “Ces chiffres reflètent la conjoncture observée en ce début d’année” et “appellent à la mobilisation générale pour la croissance et l’emploi”, estime le ministère dans un communiqué. » Tandis que les entreprises démobilisent. Drôle de guerre.

Les Échos
À l’état-major, on veut y croire : « Au ministère du Travail, on se refuse à sombrer dans le pessimisme. Notant que “ces chiffres reflètent la conjoncture observée en ce début d’année 2014”, la rue de Grenelle précise dans un communiqué qu’ils doivent être “analysés avec prudence du fait de la forte volatilité mensuelle” des données. » Pour le moment, ce sont les emplois qui se volatilisent. “Aucune classe d’âge n’a été épargnée en avril, mais les plus vieux ont été les plus touchés. Le chômage a progressé chez les jeunes de 0,2%, chez les 25-49 ans de 0,4% et chez les seniors de 0,7%. Les effectifs de chômeurs de longue durée ont poursuivi leur progression. En cumulant les catégories A, B et C, on arrive au chiffre de 2 114 600, dont plus de la moitié sont inscrits au chômage depuis plus de deux ans”. » Apparemment, le combat s’éternise.

Capital
C’est aussi l’avis de l’Unedic, qui « a relevé la semaine dernière sa prévision du nombre de demandeurs d’emploi cette année et prévoit encore une hausse l’an prochain ». En se basant sur une hypothèse de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,8% en 2014, de 1,3% en 2015 et de 1,5% en 2016. En 1914, l’optimisme était de rigueur.

Le Monde
On n’en cherche pas moins de nouvelles armes : « Nouvelle idée du ministre du Travail, François Rebsamen, ce mercredi 28 mai : suspendre pendant trois ans les seuils sociaux créant des obligations aux entreprises en matière de droits des salariés. Autrement dit, ne plus obliger une entreprise à respecter les contraintes sociales –telles que la nomination de délégués du personnel à partir de dix salariés ou la création d’un comité d’entreprise passé cinquante employés– pendant un laps de temps suffisant pour apprécier l’effet d’une telle mesure sur les créations d’emplois. » Une arme de destruction massive ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante