FO veut une politique publique nationale des télécommunications

Conférence Orange par Evelyne Salamero

Un euro d’investissement dans le Très Haut Débit représente 6 euros de croissance du PIB.

Pas moins de 300 personnes ont participé à la conférence organisée par la Fédération FO COM le 12 juin, au siège de la Confédération à Paris, autour de la question « Quelle sortie de crise pour Orange ? ». Le rendez-vous, désormais annuel après une première en juin 2013, s’est déroulé cette fois en présence du DRH d’Orange, Bruno Mettling, et de, via un message vidéo, son P-DG, Stéphane Richard.

« Cette année, nous avons choisi de nous concentrer sur Orange car c’est le seul opérateur encore en capacité d’investir et qui peut avoir un rôle structurant pour l’ensemble du secteur », a expliqué Philippe Charry, délégué syndical central, en introduction. Alors que 40 000 emplois ont déjà été détruits depuis l’arrivée d’un quatrième opérateur, Free, en janvier 2012, la situation des télécommunications reste très critique en France et l’investissement indispensable pour développer le Très Haut Débit (THD), fortement menacé. SFR, en état de quasi faillite, a été vendu par Vivendi à Numericable, lui-même surendetté. Quant à Bouygues, il a démenti vouloir vendre sa filière télécoms, endettée à hauteur de 4,4 milliards d’euros, mais s’orienterait vers un plan social mettant en danger 1 500 à 2 000 emplois.

DES DIZAINES DE MILLIERS D’EMPLOIS ET LE SERVICE PUBLIC EN JEU

Pourtant, les télécommunications sont le secteur qui réalise le plus d’investissement en France et 1 euro d’investissement dans le Très Haut Débit (fibre ou 4G) génère 6 euros de croissance du PIB de la France, ont souligné Ignacio Garcia Alves et Didier Levy du cabinet Arthur D.Little.

Pour la Fédération FO COM, il faut revoir de fond en comble le plan Très Haut Débit du gouvernement qui, en l’état, aboutirait à une « balkanisation » des réseaux puisqu’il repose sur le déploiement de réseaux départementaux ou régionaux sous la responsabilité des collectivités territoriales, avec une myriade de tarifs et de droits de passage négociés avec les opérateurs. Une véritable « gabegie », dénonce FO.

De plus, l’extinction totale des lignes en cuivre au profit notamment de la fibre optique est au programme. L’un des scénarios envisagés dans le cadre du plan Très Haut Débit actuel serait d’abandonner le réseau cuivre sans attendre, plutôt que de le laisser s’éteindre naturellement au fur et à mesure que les clients choisiraient d’autres techniques. Outre que cela entraînerait la disparition de 24 000 emplois, un tel abandon serait une menace pour la ligne téléphonique classique et donc le service public. Éric Debroeck, directeur des affaires réglementaires d’Orange, a certes indiqué qu’« il n’y a pas lieu d’envisager une extinction programmée du cuivre à court terme ». Mais pour FO, la seule véritable garantie est qu’un seul opérateur exploite à la fois le cuivre et les nouvelles techniques, et donc que l’État confie au seul en mesure de le faire, l’opérateur historique, Orange, le déploiement rapide du plan Très Haut Débit, qui pourrait générer jusqu’à 20 000 emplois. Cela signifie, comme l’a souligné Pascal Pavageau, Secrétaire confédéral, que l’État se donne les moyens d’avoir une stratégie, une politique nationale des télécommunications, qu’il donne le cap, dans ce secteur comme dans l’ensemble de l’industrie, ce qui... est en totale contradiction avec l’austérité et l’un de ses avatars, la réforme territoriale.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Sur le même sujet