Les fonctionnaires FO appellent à une grève dans la fonction publique le 15 mai prochain. Sept autres organisations appellent le même jour à des actions. Cette grogne est-elle étonnante ? Non. D’ailleurs, s’il fallait apporter la preuve que les revendications salariales des cinq millions d’agents sont légitimes... La voilà. Parue le 16 avril, les premiers résultats de l’étude de l’Insee portant sur les salaires dans la fonction publique en 2012 sont sans ambiguïté. L’institut constate en effet la « baisse des salaires nets moyens en euros constants dans les trois versants de la fonction publique entre 2011 et 2012 ».
Toujours pas de dégel...
En euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l’évolution des prix à la consommation (+2,1% en 2011 et +2% en 2012), les salaires nets moyens ont donc baissé en 2011 et en 2012 dans la fonction publique de l’État, dans la territoriale et dans les hôpitaux... À l’État, où plus de la moitié des agents appartiennent à la catégorie A (la plus haute), les fonctionnaires ont vu baisser leur salaire net (2 460 euros) de 0,8%. Il avait déjà reculé en 2011 de 0,1%. À la territoriale, même mouvement de baisse. Dans ce secteur qui compte une majorité d’agents de catégorie C (la plus basse), le salaire net était de 1 850 euros par mois en 2012, soit une baisse de 0,5% par rapport à 2011, année où l’Insee notait déjà un recul de 0,8%. Le secteur hospitalier n’est pas épargné. Comme en 2011, la régression du salaire net (2 240 euros) atteint 0,6%.
Même en euros courants, c’est-à-dire hors inflation, l’évolution des salaires nets dans l’ensemble de la fonction publique est plus faible en 2012 qu’en 2011. Aucun hasard à cela, explique l’Insee, rappelant l’augmentation de l’assiette de la CSG et de la CRDS, mais aussi la hausse (prévue par la réforme des retraites de 2010) de la cotisation retraite. Par ailleurs, calculés en euros constants, les salaires bruts moyens de 2012 étaient en baisse dans l’ensemble de la fonction publique, signe que les paramètres de progression dans la carrière ne suffisent même plus à assurer une croissance, même faible, de ces salaires bruts. En 2011, seule la fonction publique de l’État tirait encore son épingle du jeu avec une progression minimaliste de 0,1%. En 2012, ce n’est plus le cas : les salaires bruts ont baissé de 0,4% à l’État, de 0,2% dans la territoriale et de 0,3% dans les hôpitaux. Il faut dire que le point d’indice (base de calcul de tous les traitements/salaires des agents) est gelé depuis 2010, s’indignent les syndicats dont FO. Pire encore, le 16 avril le Premier ministre a toutefois annoncé la poursuite de ce gel, ce qui constitue un motif de plus pour se mobiliser le 15 mai.