La folie bitcoin

Actualités par Clarisse Josselin

Il est diabolisé par les uns, encensé par les autres. Le bitcoin est une monnaie complémentaire universelle exclusivement électronique, utilisée pour les transactions sur Internet, un peu comme de l’argent liquide virtuel. Sauf que le système est totalement décentralisé et n’obéit à aucune instance de contrôle, banque centrale ou gouvernement. Il a été créé début 2009 par un informaticien japonais, connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.

La monnaie est gérée par ses propres utilisateurs. Des milliers d’individus, appelés les « mineurs », mettent à la disposition du réseau des ordinateurs chargés de vérifier la régularité des transactions. Pour les remercier, une quantité infinitésimale de bitcoins est créée toutes les 10 minutes. Le montant est partagé entre tous les « mineurs », en fonction de la puissance de calcul qu’ils offrent au système.

Il y avait fin avril 12,6 millions de bitcoins en circulation, pour une valeur de 4 527 milliards d’euros. L’émission sera plafonnée à 21 millions d’unités. Chaque jeton peut être fractionné à l’infini pour réduire sa valeur.

Les bitcoins s’achètent aussi en ligne auprès d’un bureau de change et peuvent à tout moment être reconvertis dans la monnaie nationale. Ils se conservent dans un fichier sur l’ordinateur personnel ou dans un porte-monnaie électronique sur Internet. Pour chaque transaction, une clé cryptée permet de débiter son compte. Les échanges se font en toute transparence et sont gardés en mémoire, pour éviter les tentatives de fraude.

Mise en garde de la Banque de France

Cette monnaie permet d’acquérir des biens ou des services sur Internet, jusqu’à présent auprès de petits commerçants. Mais les supermarchés Monoprix ont annoncé qu’ils accepteraient les bitcoins d’ici à la fin de l’année. Les transactions se faisant dans un quasi-anonymat, c’est aussi une monnaie très prisée par les trafiquants de drogue, les vendeurs d’armes et les terroristes.

Elle fait surtout l’objet de spéculations irrationnelles, d’autant plus que son émission est limitée. En dehors de toute régulation, la valeur du bitcoin est très volatile en fonction de l’offre et de la demande. Elle a fluctué de 20 euros il y a un an à 900 euros en décembre dernier, pour frôler actuellement les 350 euros.

Ces montagnes russes incitent à l’épargne. Moins de la moitié des bitcoins émis seraient en circulation. Les gouvernements voient cette monnaie indépendante d’un mauvais œil. La Russie l’a tout bonnement interdite. La Banque de France a publié, en décembre 2013, une mise en garde sur les monnaies numériques en général et sur le bitcoin en particulier. Elle lui reproche son manque de régulation, l’absence totale de contrôle sur l’émetteur et les transactions, et le risque encouru pour les petits épargnants, tant sur la fluctuation des cours que sur les attaques des pirates informatiques.

En février dernier, MtGox, l’une des plus importantes plates-formes d’échange, a brutalement déposé le bilan après avoir annoncé la perte de 850 000 bitcoins, pour une valeur de près de 500 millions de dollars. Seules 200 000 unités ont depuis été retrouvées. Pour les autres utilisateurs, c’est une perte sèche. L’entreprise a été mise en liquidation le 24 avril.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante