Dans le public comme dans le privé les psychologues appelés à la grève

Mobilisation par Clarisse Josselin

« Avec 60% de contractuels dont beaucoup à temps partiel, nous sommes de loin les fonctionnaires les plus précaires de la fonction publique », dénonce Brigitte Bereni-Marzouk, psychologue hospitalière et conseillère technique à FO Santé. À ce statut s’ajoute un salaire d’embauche de 1615 euros bruts pour le premier échelon, malgré un niveau d’étude bac +5 et un classement en catégorie A. La grille indiciaire n’a pas évolué depuis 1991.

Pour revendiquer une meilleure reconnaissance de leur profession, tous les psychologues du public comme du privé sont appelés par les fédérations FO de la Santé et de l’Action sociale à faire grève le 19 juin et à manifester à Paris. Une assemblée générale avait déjà été organisée le 10 avril à l’appel de plusieurs syndicats dont FO.

UN TRAITEMENT DE 1 615 EUROS BRUT

Ils réclament une revalorisation substantielle des salaires, une hausse de la valeur du point d’indice et l’augmentation des effectifs. Sur la question des statuts dans le public, ils demandent l’organisation immédiate des concours prévus par la loi pour les contractuels et des concours classiques. Ils dénoncent également la remise en cause du temps DIRES (secteur sanitaire et social) et FIR (secteur public), spécifiques à leur profession.

« Le corps des psychologues de la fonction publique est né en 1991, étonnamment basé sur le statut des professeurs agréés de l’éducation nationale qui à l’époque avaient un niveau bac +3, poursuit Brigitte Bereni-Marzouk. Nous avons 28 heures de présence pour les patients, comme eux avec les élèves. Les sept heures restantes sont consacrées à la formation, la recherche, les colloques, l’enseignement... Ce temps est toujours considéré comme un privilège exorbitant, surtout pour les non-titulaires, alors qu’on ne peut pas faire ce métier si l’on n’est pas ressourcé en permanence par des apports extérieurs. »

De gauche à droite : Sarah, Michèle et Jérôme lors de la manifestation du 15 mai à Paris.

Bien que salariés du privé dans un hôpital de jour à Ville-d’Avray, Michèle, Sarah et Jérôme, ont participé à Paris à la journée d’action du 15 mai contre le gel des salaires et le plan d’économies dans la fonction publique. Ils sont en grève illimitée depuis le 5 mai contre la remise en question de leur temps DIRES. « Ce temps personnel est essentiel pour prendre du recul, mais le directeur veut nous faire entrer dans un plan de formation classique et augmenter notre temps en contact avec les patients », explique Michèle.

La situation dans le public comme celle de l’action sociale et médico-sociale est aggravée par la politique d’austérité avec 50 milliards d’euros de coupes budgétaires sur les dépenses publiques, dont 10 milliards aux dépens de l’assurance maladie, et le gel du point d’indice des fonctionnaires.

« L’autre problème, c’est le manque de considération des psychologues en France, ajoute Brigitte Bereni-Marzouk. On estime que nous ne sommes pas franchement nécessaires, que nous faisons du bavardage et qu’on peut être remplacés par des aides-soignantes ou des infirmières. Comme nous ne faisons pas d’actes, nous ne rapportons pas d’argent à l’hôpital. Pourtant c’est primordial de préserver la santé mentale d’un patient après l’annonce d’un cancer. Nous sommes aussi là pour accompagner les soignants. Les conditions d’emploi sont telles que le risque à terme est que les psychologues quittent la fonction publique pour devenir libéraux. »

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante