Rapport de l’OIT sur l’emploi : des chiffres sans équivoque

La lettre électronique @ ctualités Europe – International n°19 par Andrée Thomas

Le dernier rapport de l’OIT « Tendances mondiales de l’emploi 2014, vers une reprise sans création d’emplois » est sans équivoque : en 2013, 202 millions de personnes étaient au chômage. C’est plus de 5 millions de personnes de plus qu’en 2012. Cette hausse se concentre davantage en Europe, en Asie de l’est et du sud et en Afrique subsaharienne. Les tendances prévoient une hausse de 13 millions de chômeurs au niveau mondial d’ici à 2018.

Le taux de chômage des jeunes, âgés de 15 à 24 ans, atteint 13,1 %, soit 74,5 millions de personnes. Les chiffres du chômage sont également à la hausse pour les personnes sans emploi ni formation ou scolarité. Si le niveau d’instruction progresse, le manque de débouchés professionnels est criant. Par ailleurs, la réinsertion professionnelle est une autre difficulté majeure. La durée moyenne des périodes de chômage s’est considérablement accrue, atteignant parfois jusqu’à 9 mois comme en Grèce ou 8 mois en Espagne. Pour les États-Unis, le chômage de longue durée touche plus de 40 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi. Beaucoup de femmes ont également quitté le marché du travail.

Le rapport souligne également l’augmentation du travail informel, du travail précaire et de la pauvreté dans l’emploi. Dans les pays qui subissent de lourdes pertes d’emplois et où les systèmes de protection sociale sont insuffisants, voire inexistants, de nombreuses personnes basculent dans l’économie informelle, et n’y jouissent alors d’aucun droit. C’est le cas par exemple de nombreux pays d’Europe centrale et de l’est. Dans certaines régions du monde, l’emploi informel atteint un taux de 90 % comme en Asie du sud et du sud-est. Les travailleurs indépendants et travailleurs familiaux non rémunérés sont considérés par l’OIT comme des travailleurs précaires, car ils ont un accès limité voire nul à la sécurité sociale ainsi qu’à un revenu sûr. L’emploi précaire a augmenté cinq fois plus vite en 2013 que pendant les années précédant la crise. Enfin, la pauvreté dans l’emploi reste également très forte avec 375 millions de travailleurs vivant avec moins de 1,25 dollar par jour.

Les politiques d’austérité, que FO dénonce depuis leur mise en place, appliquées en Europe notamment, n’ont fait que creuser le déficit d’emplois et les inégalités. L’OIT plaide en faveur d’un rééquilibrage des politiques macroéconomiques et donc remet en question les politiques d’austérité alors que les grandes entreprises ont « eu tendance à augmenter les dividendes versés à leurs actionnaires plutôt qu’à investir dans l’économie réelle ».

Pour FO, la question de l’emploi, des salaires, la réforme des marchés financiers et la relance de l’économie mondiale doivent rester des priorités ! Ces sujets seront débattus lors du 3e congrès mondial de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui aura lieu en mai prochain à Berlin. Bien entendu, une délégation de FO participera aux débats du Congrès. Une résolution portera précisément sur la question de l’emploi, de la protection sociale et des salaires. La discussion aura lieu également lors de la prochaine Conférence Internationale du Travail de l’OIT en juin prochain à laquelle FO participera également. Ces débats sont au cœur des préoccupations mondiales et de la redéfinition des Objectifs du Millénaire du Développement post-2015 (voir lettre électronique n°7). La Confédération Syndicale Internationale revendique des objectifs identifiés de travail décent et de protection sociale. Enfin, ces questions devront également être discutées lors du prochain sommet du G20 qui se tiendra en Australie en septembre.