La Sécurité sociale devra trouver 21 milliards d’euros entre 2015 et 2017

Santé par Valérie Forgeront

Le Premier ministre, Manuel Valls, vient d’annoncer les grandes lignes des efforts qui seront demandés à la Sécurité sociale... Ils sont colossaux et sans précédent.

À l’évidence, la Sécurité sociale et les assurés sociaux comptent parmi les cibles actuelles du gouvernement qui cherche à abaisser encore le coût du travail et à réduire les déficits publics. Celui-ci demande à la Sécurité sociale des efforts qui se chif­frent à 21 milliards d’euros au total entre 2015 et 2017. Dans le cadre du pacte de responsabilité, l’assurance-ma­ladie est ainsi invitée à réduire ses dépenses de 10 mil­liards d’euros en trois ans... Cela alors que les dépenses de gestion du régime général s’élèvent à 10 mil­liards par an, que l’assurance-mala­die réduira déjà ses dépenses de 2,9 mil­liards cette année et que le remplacement de 4 800 agents partant en retraite est d’ores et déjà gelé pour 2014, par exemple. La Sécurité sociale devra aussi trouver d’autres réductions de dépenses à hauteur de 11 milliards. Pour le Secrétaire général de la confé­dération FO, Jean-Claude Mail­ly, tout cela est inquiétant car « à la fois on fragilise les financements et on réduit les dépenses » de la Sécurité sociale.

Le 8 avril, le Premier ministre a en effet annoncé la mise en place en 2015, puis 2016, d’allégements de cotisations, notamment patronales.

Des prestations supprimées ?

Si le gouvernement promet de compen­ser le manque à gagner dans les caisses de la Sécu, pour l’instant il ne dit pas comment. Quant aux 11 milliards d’économies demandés à la Sécurité sociale, le Premier ministre n’en détaille pas l’ori­gine mais lance des pistes. Par une « mise en cohérence et une meilleure lisibilité de notre système de prestations », ou par des économies de dépenses sur les coûts de « gestion des caisses de Sécurité sociale ». Autre piste possible : « tra­vailler » sur la chirurgie ambulatoire ou encore « restructurer l’offre de soins hospitaliers », cela alors que l’hôpital public a déjà réduit ses dépenses de 650 millions en 2013 et qu’il devra les abaisser de près de 600 mil­lions cette année. En fait, le gouvernement feint de croire qu’il est possible de réaliser 21 mil­liards d’économies en trois ans sans tailler dans les prestations, mais il est bien incapable d’expliquer comment.

D’où un soupçon grandissant chez les observateurs les plus aguerris. « Comment peut-on aujourd’hui réduire les dépenses de la Sécurité sociale sans supprimer ou diminuer les prestations ? », interroge Jean-Claude Mailly, s’indignant d’une possibilité de toucher « à la couverture sociale pour tous les citoyens ».

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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