Chèque Déjeuner joue dans la cour des multinationales

Scop par Clarisse Josselin

Avec 2 300 salariés dans 14 pays et un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros sans faire appel au marché financier, le groupe Chèque Déjeuner est la vitrine française des Scop. La coopérative, créée en 1964 par le militant FO Georges Rino, est devenue le leader français et le numéro trois mondial des titres de services prépayés.

Elle édite des millions de Chèques Dé­jeuner, chèques emploi service, Chè­ques­ Vacances...

Jusqu’à présent, seule la maison mère, Chèque Déjeuner, avec 400 salariés dont 362 sociétaires, développe tout le groupe, les filiales françaises (Chèque Vacances, Chèque Lire, chèques Ca­dhoc...) et internationales. Mais la Scop va être élargie à l’ensemble des filiales françaises, soit 800 salariés. Les filiales internationales, en revanche, ne sont pas concernées.

« Tous les salariés français ont déjà les mêmes avantages sociaux, mais cet élargissement donnera plus de sens à la Scop », estime Jacques Landriot, P-DG du groupe.

Chez Chèque Déjeuner, les salariés sont obligés de devenir sociétaires au bout d’un an. Ils sont associés aux décisions selon le principe une personne, une voix. Dans le partage des bénéfices, 45% vont aux salariés, 45% à l’entreprise et 3% à une caisse de solidarité pour tous les salariés, y compris dans les 40 filiales. Le montant de l’intéressement est le même pour tous, de la standardiste au P-DG, autour de 20 000 euros par an. Chaque sociétaire reverse la moitié de cette somme à la Scop pour financer sa part.

Se syndiquer, un devoir moral

En pleine expansion, le groupe envisage de doubler son activité en quatre ans et d’atteindre les 3 000 salariés en 2018. Jacques Landriot partira en retraite le 22 septembre, après quarante ans de présence dont vingt-trois à la présidence. Il est persuadé qu’il existe d’autres moyens de gérer une entreprise que le modèle capitaliste et il l’a prouvé. À son arrivée, le groupe ne comptait que 35 salariés et 252 lorsqu’il en a pris la présidence.

« Nous avons face à nous de gros groupes comme Sodhexo, nous sommes obligés de nous développer pour ne pas disparaître », explique-t-il. Pour plus de diversification, la stratégie repose sur les acquisitions à l’international, qui représentera 65% du chiffre d’affaires en 2018 contre 35% actuellement. « C’est plus difficile pour nous, nous ne faisons pas appel au marché financier, notre développement a été plus lent que celui de nos concurrents », ajoute-t-il.

Dans le groupe, se syndiquer est un devoir moral inscrit dans la convention collective. Le taux de syndicalisation atteint 70% chez Chèque Déjeuner et 50% dans les filiales. « Même dans une Scop le dialogue social est important, même s’il est plus facile, estime-t-il. Le rôle des syndicats est d’alerter la direction et de signaler les problèmes. On ne lâche pas sur tout mais si on dit non, on explique pourquoi. »

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante