Trois questions à... Philippe Charry, délégué syndical central chez Orange

Actualités par Evelyne Salamero

Le Très Haut Débit doit être confié à l’opérateur historique

FO Hebdo : On n’a pas l’habitude de voir des représentants des directions d’entreprise à la Confédération. Pourquoi avoir invité celle d’Orange ?
Philippe Charry : Par tradition, par continuité. Nous sommes une fédération issue du service public et avant la privatisation nous invitions des représentants de l’administration. Cela montre que nous sommes un syndicat reconnu comme un interlocuteur crédible et pertinent.

FO Hebdo : Que retient la fédération FO de ce qui a été dit par la direction ?
Philippe Charry : Le P-DG, Stéphane Richard, admet que la concurrence a causé des dégâts, que la consolidation du secteur est aujourd’hui nécessaire et il a surtout déclaré que Orange peut jouer un rôle pour que cela se fasse « sans casse sociale ». C’est ce dernier point que nous retiendrons en priorité et sur lequel nous jugerons aux actes. Bruno Mettling, le DRH, reconnaît que la situation actuelle pousse l’entreprise à comprimer les effectifs en ne remplaçant pas les départs et que cela pose des problèmes. Notre demande d’avancer le prochain rendez-vous sur cette question a été prise en compte puisqu’il aura lieu dès juillet, au lieu de décembre prochain.

FO Hebdo : Que reproche la fédération au plan Très Haut Débit du gouvernement ?
Philippe Charry : Il est fondé sur un découpage du territoire en zones à haute densité de population et zones de moindre densité. Pour ces dernières, soit 90% du territoire, ce sera aux collectivités locales de lancer des initiatives de Réseaux d’intérêt publics (RIP) qu’elles négocieront avec les différents opérateurs. On arrivera à une centaine de projets différents. Il n’y aura donc plus aucune cohérence, ni en matière de coût, ni, par conséquent, en matière de prix. C’est une source de désordre, de gaspillage et, cerise sur le gâteau, d’inégalités. C’est pourquoi nous demandons que tout soit remis à plat et confié par l’État à l’opérateur historique, Orange, dans le cadre d’un cahier des charges précis. Il est indispensable que les investissements soient remis au cœur de la politique publique nationale.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante