Les prix et la croissance au point mort : double 0% pour le gouvernement

Zéro plus zéro par Mathieu Lapprand

L’Insee a rendu public son indice des prix à la consommation pour le mois d’avril, ainsi que son estimation du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre 2014. Les deux sont au point mort : 0% d’augmentation des prix et 0% de croissance.

Alors que le président de la République pariait il y a peu sur un « retournement » économique, les chiffres rendus publics jeudi 15 mai constituent un sévère désaveu pour sa politique d’austérité : contraction de l’activité, notamment dans le secteur de la construction (-1,8%), baisse importante des investissements de 0,9%, recul de la consommation des ménages de 0,5%. Outre une demande en berne, les résultats de la « politique de l’offre » sont également peu éblouissants : malgré les cadeaux offerts par milliards depuis deux années au patronat, les exportations ralentissent et les importations accélèrent…

Mais ces chiffres ne semblent pas alarmer le nouveau ministre du Budget, Michel Sapin, qui a déclaré, concernant ces chiffres, que « ce n’est pas grave ». Le gouvernement vise 1% de croissance en 2014, un chiffre maintenu, « que tous les observateurs internationaux jugent comme étant un chiffre raisonnable », poursuit le ministre. « Ces résultats traduisent ce que FO indique depuis des mois, cette politique conduit à la récession et à la déflation », explique Pascal Pavageau, Secrétaire confédéral chargé du secteur Économie, qui poursuit : « Il faut changer totalement de politique en permettant de renouer avec la consommation par les augmentations de salaires, de pensions, du Smic et des minima sociaux d’une part, et avec, d’autre part, une intervention publique active pour créer, par la commande publique, de l’activité. »

L’indice des prix à la consommation est lui aussi resté scotché à 0% en avril 2014. Sur une année, l’inflation est de 0,7%, précise l’Insee, mais reste loin de l’objectif de 2% assigné à la Banque centrale européenne (BCE). Si les prix des services se sont globalement stabilisés, ce sont les secteurs de l’énergie et de la distribution qui ont connu les plus importants replis. Les prix des produits pétroliers, comme les combustibles et les carburants, ont chuté, tandis que les tarifs du gaz de ville se sont légèrement accrus. Les prix de l’électricité sont eux restés inchangés. Dans la distribution, les prix de l’alimentation ont stagné, tandis que ceux des biens de grande consommation (articles de toilette, détergents, cosmétiques, ampoules, etc.) ont accru leur baisse (-0,2 % sur un an).

« La politique menée conduit à la récession et à la déflation » (FO)

« Il ne faut pas que nous laissions l’inflation rester trop basse trop longtemps », a déclaré Peter Praet, économiste en chef de la BCE, dans un entretien au quotidien Die Zeit le 15 mai. Face à une possible déflation, Peter Praet se déclare prêt, comme Mario Draghi, le président de la BCE, la semaine précédente, à mettre en œuvre une « combinaison de mesures ». L’une de ces mesures, selon Les Échos, pourrait être un nouveau prêt à très long terme aux banques afin d’encourager le crédit. Au vu des résultats sur l’économie du précédent prêt de 1 000 milliards d’euros délivré aux banques début 2012, la BCE ne paraît toujours pas envisager de changer de politique, même lorsque celle-ci ne fonctionne pas.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante