Arnaques téléphoniques : vous avez gagné ? Ne rappelez pas...

Consommation par Michel Pourcelot

Le téléphone est roi et les escrocs en profitent. Les arnaques se multiplient : non seulement celles aux numéros surtaxés, mais aussi celles visant à soutirer des informations précieuses.

C’est l’hôpital, l’Urssaf, la Sécu ou un cadeau tombé du ciel... Cela peut être inquiétant ou aguichant. Ne rappelez pas, ou plutôt méfiez-vous, surtout si vous avez peu de raisons de recevoir un tel coup de fil (même chose avec les SMS incitant à appeler). Vérifiez sur le Net à quoi correspond le numéro. Soit c’est un numéro surtaxé, et l’on va faire en sorte que vous restiez le plus longtemps possible en ligne (je vous entends très mal...), soit (et c’est pire) votre interlocuteur va tenter de vous soutirer des informations qui vont lui rapporter ou susceptibles d’être monnayées. Un phénomène qui augmente selon l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), service de police chargé des investigations sur les numéros surtaxés, qui a reçu plus de 2 500 signalements d’arnaques entre janvier et juin 2016, et identifié quelque 17 000 victimes.

L’arnaqueur sonne toujours deux fois

20 %

C’est environ la proportion de personnes qui se font piéger par les numéros surtaxés selon l’OCLCTIC, chargé de lutter contre cette pratique.

En vogue depuis quelques années, le « ping all » consiste à faire appeler un numéro dont la sonnerie semble durer longtemps mais qui en fait provient d’un répondeur tournant en boucle sur une ligne surtaxée. Il y a encore peu, les numéros suspects commençaient souvent par 0899, 0897 ou 1020, mais dorénavant leurs deux premiers chiffres peuvent être ceux d’une ligne fixe ou un 06, des usurpations désormais possibles et appelées « spoofing téléphonique », technique parfois utilisée pour des blagues en radio et télévision. Conscients qu’un appel silencieux induit la méfiance, les arnaqueurs ont amélioré leur technique en utilisant une voix, féminine souvent, qui évoque un rendez-vous, même médical. Un premier appel est émis, qui s’interrompt rapidement au beau milieu de la sonnerie si personne ne répond. Suit généralement un second appel, dont la sonnerie s’interrompt de même manière. Plutôt que de rappeler, il est plus sage d’aller se renseigner sur le Net en « googlelisant » le numéro inconnu pour voir s’il n’a pas été signalé. 

Nota bene : Pratiques téléphoniques « trompeuses et agressives » : le tarif
À la suite d’une enquête lancée en 2013 par la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, deux sociétés ont été condamnées en 2016 à des amendes allant de 300 000 à 500 000 euros, le gérant écopant de 250 000 euros plus deux ans de prison avec sursis.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante