But : grève pour les salaires le 18 novembre

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront, FEC FO

©Franck CRUSIAUX/REA

But campe sur ses positions : l’enseigne spécialiste de l’équipement pour la maison ne veut pas entendre parler d’un 13e mois pour ses salariés. Depuis plusieurs semaines, ces derniers mènent des actions pour se faire entendre d’une Direction qui a décidé par ailleurs qu’il n’y aurait aucune prime de participation cette année. De plus en plus irrités, les salariés annoncent une journée de grève le samedi 18 novembre à l’appel de plusieurs syndicats dont FO.

La revendication est on ne peut plus claire. « Les salariés de But veulent un 13e mois » indique Pascal Bacon, le délégué syndical national FO chez But (6000 salariés/ près de 200 magasins) une des trois enseignes leader pour l’équipement de la maison. « Chez Conforama, société dont sont issus plusieurs des dirigeants de But, les salariés perçoivent un 13e mois. Nos dirigeants ne peuvent l’ignorer » remarque le militant.

L’évocation de ce qui se fait chez le concurrent n’a toutefois pas ému la Direction de But qui ne veut pas entendre parler de la création d’un 13e mois. La Direction a même annoncé début septembre que les salariés ne recevraient pas de prime de participation cette année. Plus qu’irrités, les salariés sont donc passés à l’action. Il y a quinze jours, à l’appel de plusieurs syndicats dont FO plus d’une centaine de salariés ont ainsi manifesté devant la centrale administrative de But à Emerainville en Seine-et-Marne.

Le samedi 4 novembre, toujours en région parisienne, plusieurs dizaines de salariés du magasin But de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), le plus important de l’enseigne en termes de chiffre d’affaires, ont organisé un rassemblement de protestation devant le magasin à l’appel de cinq syndicats dont FO. La direction générale de But n’a pas davantage écouté les revendications.

« Il faut un maximum de débrayages »

Les salariés programment désormais une grève nationale le samedi 18 novembre. « Il faut qu’un maximum de débrayages soient organisés au sein des magasins » indique pour FO Pascal Bacon.

Alors que « leur charge de travail ne cesse d’augmenter », les salariés ne reçoivent pas en retour le fruit salarial de leurs efforts. Lors des dernières négociations salariales annuelles (NAO) en mars dernier, la direction a accordé une augmentation générale des salaires de +1,5% et des augmentations individuelles à hauteur de 0,5%. Toutefois ces hausses de salaires ne concernent pas l’ensemble des salariés.

Les vendeurs en effet -soit plus de la moitié de l’effectif des salariés- ne sont pas concernés par les augmentations générales. Plus largement, « ils n’ont pas été augmentés depuis 2012 » indique Pascal Bacon. Dans cette entreprise où le salaire de début est de 1500 euros brut, les vendeurs affectés à certains rayons perçoivent eux un salaire composé d’un fixe (de 310 euros à davantage) et d’une part variable liée au chiffre d’affaires. Pour les vendeurs des rayons libre-service, il s’agit d’un salaire composé d’un fixe (1200 euros) et d’une prime liée aux résultats du rayon.

L’aspect fluctuant du salaire global à travers sa part variable est dès lors évident. Quant aux salariés (de l’administration, des entrepôts…) percevant un salaire fixe, la satisfaction n’est pas non plus au rendez-vous. Ainsi qu’ils soient vendeurs ou autres, ils demandent tous « une prime annuelle d’un montant équivalent à un 13e mois ». C’est loin d’être le cas actuellement.

Soixante millions d’euros pour les actionnaires

En effet, en 2016 lors du rachat de But (appartenant à l’époque à Decomeuble Partners détenu par un consortium composé notamment de la banque d’investissement Goldman Sachs) par le groupe autrichien Lutz les salariés avaient négocié l’octroi d’une enveloppe de trois millions d’euros à affecter au complément de participation au titre de l’exercice 2015-2016.

« Un million d’euros avait été cédés par les actionnaires de Lutz et un million par le consortium détenant Décomeubles Partners dont Goldman Sachs » explique Pascal Bacon. « Chaque salarié a ainsi perçu un complément de participation de 300 euros en 2016 s’ajoutant à une prime de participation variant de 500 euros à 700 euros ». Toujours dans le cadre de la vente de But à Lutz, les salariés ont négocié aussi l’an dernier une enveloppe d’un million d’euros pour un complément de participation au titre de 2016-2017. En septembre une « prime exceptionnelle » de 132 euros ou complément de participation a ainsi été versée aux salariés.

Reste que cette prime affiche un montant bien éloigné de celui d’un 13e mois. Cerise sur le gâteau, si les salariés de But ont perçu cette prime, la Direction leur a annoncé qu’ils ne percevraient en revanche aucune participation sur 2017. Pour les syndicats dont FO cela « représente une injustice au regard du travail et des efforts fournis par tous les salariés et des bons résultats de l’entreprise qui profitent essentiellement aux actionnaires »… Les actionnaires « ont perçu des bénéfices à hauteur de 60 millions au titre de l’exercice 2016-2017 » précise Pascal Bacon appelant à un grand mouvement de grève chez But le 18 novembre.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

FEC FO Employés et Cadres