Centre Pompidou-Metz : Warhol joue sur du velours souterrain

Évènement culturel par Michel Pourcelot

Quand le Pape du Pop art misait sur la pop music… Au cœur de l’été lorrain, le Centre Pompidou Metz tente de recréer les mille facettes de la brève mais essentielle collaboration entre Andy Warhol et le Velvet Underground. Cette expérience multimédia a laissé une empreinte toujours visible sur musique et art populaires.

Danse, musique, cinéma, poésie, performance… L’Exploding Plastic Inevitable d’Andy Warhol était tout cela à la fois. Au-delà du concert, une expérience d’art total. Chronologiquement parlant, ce n’était pas la première mais fasciné par la culture de masse, Andy Warhol (1928-1987), qui s’était déjà essayé au cinéma, avec entre autres le film… Batman Dracula, voulait se tourner vers la musique populaire, autrement dit la pop music, autre grand média. But : se dégager du monde restreint de l’art contemporain. De son côté, le Velvet Underground, littéralement le Velours Souterrain, jeune groupe avant-gardiste encore inconnu, veut accéder à plus de visibilité. La rencontre se fait fin 1965. Le Centre Pompidou en célèbre le cinquantenaire avec cette importante exposition intitulée « Warhol Undergound » et organisée en dix thèmes ambitionnant de replacer cette collaboration dans son environnement. On retrouve bien sûr la Factory, l’Usine en anglais, l’atelier new-yorkais de Warhol dont la grande surface en fit un espace de rencontre interdisciplinaire fort fécond. Une usine espace de liberté où se sont forgés nombre d’esprits créatifs. Ancien publicitaire, Warhol n’a cessé de lutter contre la standardisation en retournant ses propres armes contre elle. Ainsi il impose une chanteuse au Velvet Underground, dont il est évidemment devenu manager. Dotée d’une voix à la Dietrich, Nico, ex-mannequin et actrice de fortune vue notamment dans la Dolce Vita de Fellini, va vite se révéler difficilement gérable. Principal compositeur, Lou Reed (1942-2013), potentiel Bob Dylan de la décomposition sociale, lui, se considère rapidement comme bridé. D’autant que le disque, pourvu en pochette de la désormais mythique banane pelable de Warhol, sort, en mars 67, comme une quasi-franchise de l’atelier warholien. Jouant au démiurge-Pygmalion, Warhol profite de tous les tableaux. Et Lou Reed finit par mettre fin à la collaboration en 68. Il n’empêche que durant un an le spectacle tout azimut donné par le Velvet Underground à travers les États-Unis va laisser une empreinte indélébile qui marquera des figures majeures de ce que l’on appelait alors la pop musique. La musique populaire.

Warhol Underground, jusqu’au 2 novembre 2015, au Centre Pompidou-Metz, 1 parvis des Droits de l’Homme 57020 Metz
Tarifs : de 7 à 12€
Horaires : lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 11h à 18h ; jeudi et samedi de 10h à 20h ; dimanche de 10h à 18h. Fermé le mardi.
Info : 03 87 15 39 39 ou http://www.centrepompidou-metz.fr/warhol-underground

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante