Chômage : des statistiques en trompe-l’œil

Emploi et Salaires par Françoise Lambert

Entre 2013 et 2016, selon l’Insee, le nombre de chômeurs a diminué alors que le halo du chômage (personnes entre inactivité et sous-emploi) augmente
InFOgraphie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Les chiffres médiatisés du chômage ne prennent pas en compte l’étendue de la précarité.

Le gouvernement n’a pas manqué de se féliciter de la baisse du chômage, dans la foulée de la publication en août des statistiques trimestrielles de l’Insee et des chiffres mensuels de Pôle emploi.

3,5 millions de demandeurs d’emploi en catégorie A fin juillet

Selon l’Insee, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a baissé de 0,3% au second trimestre 2016, s’établissant à 2,8 millions de personnes.

Pôle emploi, qui recense chaque mois le nombre de personnes inscrites sur ses listes, a de son côté comptabilisé fin juillet 3,5 millions de demandeurs d’emplois en catégorie A, en baisse de 0,5% sur un mois.

Mais ces statistiques officielles prisées des politiques sont loin de refléter la réalité du chômage et de la précarité.

Toutes les autres catégories de demandeurs d’emploi en progression

« Globalement, toutes les autres catégories de demandeurs d’emploi sont en progression, le nombre de personnes en catégorie B, qui ont travaillé moins de 20 heures dans le mois, augmente ainsi de 4,5% », indique Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO, « en réalité, pas moins de 6,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi recherchent d’un emploi. Et c’est sans compter le halo du chômage. »

Le halo : Entre inactivité et sous-emploi

Le halo du chômage est un indicateur utilisé par l’Insee depuis 2008 pour recenser une population grandissante, qui se situe dans un entre-deux, entre inactivité et sous-emploi.

L’Institut de la statistique a recensé 1,5 million de personnes dans cette situation au second trimestre 2016 . Leur point commun : elles appellent toutes de leur voeux un travail.

Des "travailleurs découragés"

Certaines sont en recherche active d’emploi mais pas disponibles tout de suite parce qu’elles sont par exemple en formation ou en maladie. D’autres sont des « travailleurs découragés », sans emploi depuis longtemps, qui ne sont pas inscrits sur les listes de Pôle emploi.

« De plus en plus des personnes exclues du fait de la déréglementation »

« Le halo est la conséquence directe de toutes les mesures qui flexibilisent le marché du travail, de plus en plus de personnes en sont exclues, du fait de la déréglementation et des pseudo nouvelles formes de travail », analyse Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO, « Le halo, c’est un vaste brouillard dont on a du mal à mesurer l’étendue, il ne faudrait pas qu’il devienne la norme ».

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante