Creuse : Les salariés de GM&S se battent contre la liquidation de leur usine

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront, FO Métaux

Sous-traitante de l’automobile, la société GM&S Industry France basée à La Souterraine dans la Creuse va-t-elle survivre à sa récente mise en redressement judiciaire ? La rencontre ce mardi 13 décembre à Paris entre les syndicats, la Direction, des représentants de l’État, des élus et les constructeurs concernés avait pour but d’éviter à cette entreprise de 283 salariés d’être liquidée d’ici la fin de l’année. La chose semble acquise mais le sort de GM&S est loin d’être réglé.

Depuis cinquante ans, La Souterraine, commune de 6 000 habitants dans le département rural de la Creuse, abrite un site industriel dédié à la métallurgie. Au départ on y fabriquait des jouets métalliques, des trottinettes. Rapidement toutefois, les activités ont été diversifiées.

Dans les années 1990 le site a compté jusqu’à 600 salariés. Aujourd’hui toutefois l’heure est à l’inquiétude pour les 283 salariés de GM&S Industry France, qui s’est spécialisée dans l’emboutissage de pièces pour l’automobile établie sur le site.

Deuxième employeur privé du département, GM&S est un sous-traitant des groupes Renault, Nissan BMW, Volkswagen... 85% du chiffre d’affaires de l’entreprise provient des activités pour Renault et PSA indique David Gunther, délégué syndical FO chez GM&S. Et c’est bien le problème.

Depuis le début de l’année, indique le militant, il y a une baisse significative des commandes. Ces pertes de marchés ont entraîné en toute logique des difficultés financières croissantes pour l’entreprise dont la gestion par les actionnaires successifs n’est pas un modèle de perfection.

Le 2 décembre, elle a été placée en redressement judiciaire et désormais elle ne dispose même pas d’une trésorerie suffisante pour payer les salaires de décembre. Pire, GM&S (dont l’actionnaire principal est l’italien GianPiero Colla) est sous la menace qu’une liquidation pure et simple d’ici la fin de ce mois de décembre.

Une viabilité à prouver

Chez les salariés l’inquiétude est à son comble. En dix ans, l’entreprise a changé plusieurs fois de noms au fil des rachats, fusions… On a vécu aussi trois redressements judiciaires explique David Gunther.

Après ces périodes difficiles assorties de plans sociaux, les salariés craignent de revivre des moments douloureux au plan de l’emploi. Ils ont récemment effectué des débrayages, insistant pour qu’une réunion soit organisée entre les syndicats, la Direction, des représentants de l’État, des élus et les constructeurs automobiles concernés.

L’objectif de cette table ronde organisée ce 13 décembre consistait donc à mettre au point des solutions financières permettant à l’entreprise -bénéficiaire du CICE- d’assurer sa survie pendant la période d’observation de six mois durant laquelle un repreneur devra être recherché. L’entreprise doit en effet pouvoir continuer à produire et payer les salaires. Or pour l’instant, tel n’est pas le cas.

L’usine n’a pas d’argent pour acheter la matière première nécessaire à la production souligne le syndicat FO de GM&S soutenu par FO Métaux. Pour les salariés, la table ronde de ce 13 décembre organisée à Paris dans l’enceinte du secrétariat à l’Industrie était donc essentielle. Et pour cause.

Le 17 janvier, GM&S doit déposer devant le tribunal de Commerce un dossier prouvant que l’usine peut être viable pendant la période d’observation de six mois. Le 25 janvier aura lieu l’audience portant sur ce dossier.

Les salariés demandent un vrai plan de charge

La situation de GM&S implique de mettre en place au plus vite des solutions rappelle Bruno Grumaux pour l’Union syndicale FO des Métaux des départements de la Haute-Vienne et de la Creuse. Pour le syndicat, les constructeurs, notamment Renault et PSA, doivent mettent la main à la poche. FO souhaite aussi que l’État intervienne et pour aider à trouver un repreneur à l’usine GM&S qui devra bénéficier par ailleurs d’un projet industriel solide.

A l’issue de la table ronde qui a réuni une trentaine de personnes ce 13 décembre, le syndicat FO notait des avancées mais restait dubitatif.

Les constructeurs (Renault et PSA) explique David Gunther se sont engagés à apporter un financement de 140 000 euros permettant de payer les salaires du mois de décembre. Ils financeraient éventuellement aussi la période d’observation pendant trois mois. Cela comprend le maintien des commandes prévues et les salaires.

Reste souligne le syndicat FO que pour l’instant, il n’y a aucun engagement écrit. Il faut attendre la lettre de l’administrateur judiciaire qui détaillera les mesures annoncées par les constructeurs. Reste aussi qu’aucune réponse n’a été apportée concernant la demande d’un plan de charge précis pour l’entreprise insiste David Gunther.

Alors qu’une nouvelle table-ronde est prévue à la mi-janvier à Bercy, le syndicat FO souhaite que toutes les décisions de mesures soient confirmées d’ici là…. Particulièrement avant le 17 janvier, date de dépôt devant le tribunal de Commerce du dossier devant traduire la viabilité de GM&S.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

FO Métaux Métallurgie