De plus en plus de travailleurs pauvres dans les pays riches

Alerte par Evelyne Salamero

Près d’un quart de la population des pays développés est en situation de pauvreté, conséquence d’une dégradation de la qualité de l’emploi.

Alors que l’extrême pauvreté a diminué en moyenne de près de moitié depuis 1990 dans les pays émergents et en développement, la pauvreté relative ne faiblit globalement pas dans les pays riches. Près d’un quart de leur population (22 %, 300 millions d’habitants) avait un revenu inférieur à 60 % du revenu médian déjà en 2012.

Le taux de risque de pauvreté dans l’Union européenne (UE) a augmenté, pour atteindre 17,2 % en 2014. L’OIT (Organisation internationale du travail) établit un lien direct entre pauvreté et mauvaise qualité de l’emploi, partout dans le monde, y compris dans les pays les plus développés.

Dans la seule UE, indique-t-elle, le nombre de travailleurs pauvres est passé de 11,9 % en 2005 à plus de 13,3 % en 2012. Cette année-là, 15 % des actifs occupés de 37 pays développés étaient en situation de pauvreté, soit plus de 70 millions de travailleurs.

Explosion des contrats de moins de 10 heures par semaine en Grèce

Une des principales causes de la pauvreté dans les pays développés est le travail à temps partiel. Près d’un salarié pauvre sur cinq (18 %) effectue moins de 20 heures par semaine. Aux États-Unis et au Canada, plus de 40 % des salariés pauvres effectuent moins de 35 heures hebdomadaires.

En Grèce, le nombre de contrats de moins de 10 heures par semaine a bondi de près de 96 % entre 2002 et 2007.

Le chômage pèse évidemment beaucoup, d’autant que la proportion des demandeurs d’emploi dans les pays développés touchant des allocations est tombée de 42,8 % en 2009 à 33,8 % en 2014. Toujours en 2014, près de la moitié des chômeurs de l’UE vivaient en deçà du seuil de pauvreté. Toutefois, le taux de risque de pauvreté chez les chômeurs varie selon les États, allant de 27,4 % au Danemark à plus de 67 % en Allemagne.

 

Focus : Pauvres indépendants
Dans les pays développés, a établi l’OIT, un grand nombre de pauvres ne sont pas couverts par les régimes de protection sociale contributifs liés à l’emploi. Moins de la moitié des travailleurs pauvres cotisent à un régime de retraite. Le déficit de couverture est particulièrement criant pour les travailleurs indépendants, qui ont un taux d’affiliation 4,5 fois inférieur à celui des salariés pauvres. Or, d’ores et déjà, près de 13 % des personnes âgées des pays développés sont en situation de pauvreté.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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