Economie et attentats : arrêt d’urgence ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Au-delà du drame humain, les attentats de Paris devraient avoir un impact économique que nombre de médias se sont empressés de pouvoir chiffrer.

L’Express
Deux milliards, le prix du sang : « Selon une estimation réalisée une semaine après les attentats de Paris par la Direction générale du trésor (DGT), le secteur touristique, mais aussi la consommation des ménages ou le moral des industriels devraient subir un impact. Additionnées, ces conséquences pourraient avoir un coût global pour la croissance de 0,1 point de PIB -selon RTL qui a pu consulter la note de la DGT- soit l’équivalent de deux milliards d’euros ». Le PIB ne serait-ce pas cet indicateur qui ne prend pas plus en compte la sécurité et la liberté que les inégalités et le bien-être ?

Le Parisien
Et cela à l’heure où l’État se réduit comme peau de chagrin : « l’austérité a fragilisé la réponse européenne à la menace terroriste. Les coupes budgétaires opérées durant la crise économique en Europe ont fragilisé les capacités des forces de sécurité à faire face à la menace terroriste, selon les analystes, qui constatent que les autorités sont désormais contraintes de faire machine arrière ». Quant à la machine meurtrière, elle est déjà passée. Et les économies aussi. Elles « ont été drastiques : suppression de 13 000 postes dans les forces de sécurité intérieures françaises entre 2007 et 2012 ; chute de près de 12% des forces de police en Angleterre et au Pays de Galles depuis 2010 ; remplacement de seulement 20% des départs à la retraite en Italie entre 2008 et 2014 (sauf en 2010 et 2011). "Lorsque les budgets sont réduits, les tactiques les plus coûteuses, comme la surveillance, sont souvent les premières à être affectées", souligne Jon Moran, professeur à l’université de Leicester ». Et les citoyens aussi. En première ligne.

Le Figaro
« L’attaque sur le World Trade Center de New York en 2001 a été suivie d’une récession, mais cette attaque est arrivée alors que l’économie américaine était déjà en phase de repli après l’éclatement de la bulle dite dot-com, la surévaluation massive des entreprises liées aux nouvelles technologie de l’information et à internet. Des études ont montré que l’attaque avait eu un effet, même s’il a été modeste », assure le docte Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. Qui tempère cependant : « D’autres événements spectaculaires, comme l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, ne semblent pas avoir eu d’effets observables ». Hormis pour les victimes, sans doute. « Il en va de même pour les tremblements de terre au Chili en 2010 et 2015, ou les attaques contre les transports londoniens en 2005. La conclusion générale est que les coûts de ces événements représentent une très minime fraction de l’activité économique ».

Le Bien Public
Une « activité économique, qui, selon les derniers chiffres de l’Insee, permet que « seuls 10% des ménages se sentent financièrement à l’aise. Les familles monoparentales sont les plus exposées aux difficultés (42% expriment des difficultés). » Et il y a urgence.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante