États-Unis : Trump en échec sur sa réforme de la protection sociale

International par Secteur International Europe

Les inégalités sociales ne cessent de se creuser aux États-Unis avec les ménages les plus aisés qui s’accaparent les fruits de la croissance économique tandis que les plus démunis continuent de s’enfoncer dans une précarité galopante. La situation des travailleurs américains ne risque pas de s’améliorer avec le projet de réforme de la protection sociale baptisée Trumpcare qui remet en cause les avancées sociales permises par la loi Obamacare du nom de l’ancien président qui avait notamment permis de réduire le nombre d’américains dépourvus d’assurance maladie – passant de 20,3 % à 13,2 % entre le troisième trimestre 2013, date de son entrée en vigueur, et le premier trimestre 2015.

Lettre électronique
n°39
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Le projet de Trump entend supprimer l’aide aux plus démunis pour bénéficier de l’assurance maladie ou encore redéfinir à la baisse les obligations de l’employeur pour assurer la couverture maladie de ses salariés. Les réformes sociales de Trump doivent aussi se lire avec son projet de budget 2018 qui prévoit de nombreuses coupes budgétaires dans la santé, les services sociaux, l’enseignement, le social et autres secteurs- clés au profit de la Défense et de la lutte contre l’immigration.

L’AFL-CIO mène une campagne de sensibilisation sur les enjeux de la protection sociale aux États-Unis afin de défendre les acquis de l’Obamacare. L’AFL-CIO est fortement mobilisée contre cette réforme de l’assurance santé (Healthcare) qu’elle a rebaptisé « Wealth care » (protection de la richesse) en raison des avantages fiscaux qu’elle prévoit pour les super-riches. Le Trumpcare est un moyen de réaffecter les bénéfices tirés de la suppression de la couverture maladie de nombreuses personnes vers les foyers les plus riches : les 400 foyers fiscaux les plus riches bénéficieront d’un allègement fiscal de près de 7 millions de dollars chacun – le Trumpcare est notamment destiné aux entreprises : les assurances des entreprises bénéficieront de 145 milliards de dollars sur 10 ans et les laboratoires pharmaceutiques bénéficieront de 25 milliards de dollars – ces ressources seront tirés de la suppression de l’Obamacare et du nouveau système fiscal défavorable aux familles modestes.

Dans le même temps, 24 millions de personnes pourraient se trouver privées d’assurance maladie tandis que le coût de la santé s’accroîtra pour l’ensemble des travailleurs qui devront s’acquitter de taxes supplémentaires et subiront dans le même temps les effets des coupes budgétaires pour l’assurance maladie, notamment l’aide aux plus démunis pour bénéficier de soins médicaux et le système Medicare (système d’assurance santé géré par le gouvernement fédéral qui bénéficie notamment aux personnes de plus de 65 ans) risque de nouveau d’être insolvable au détriment des retraités et des handicapés.

Le Trumpcare rencontre aujourd’hui certaines difficultés devant le Congrès américain – tandis que l’ensemble du camp démocrate s’oppose à la réforme de l’Obamacare, un petit groupe de sénateurs républicains réunis sous le Freedom Caucus fait de la résistance et souhaite tout simplement une abrogation pure et simple de la réforme de l’ancien président et dénonce le Trumpcare comme un vulgaire Obamacare 0.5. Faute de soutien suffisant, le vote au sein de la House of Representatives – une des chambres du Congrès – du Trumpcare a été repoussé dans un premier temps puis le texte a finalement été retiré.

Cet échec témoigne d’une certaine difficulté pour le Président élu de mener ses propres réformes à terme mais surtout à trouver un soutien majeur au sein de sa propre famille politique, les Républicains, qui se retrouve divisée entre des conservateurs très rigides, le Freedom Caucus, et des centristes plutôt inquiets par le populisme de Trump.

Néanmoins, le Trumpcare n’est pas mort et devrait revenir sur la table car tous les Républicains aujourd’hui au pouvoir au sein des deux chambres du Congrès veulent réformer une des mesures les plus emblématiques de l’ère Obama. Mais un basculement de la House of Representatives et du Sénat américain dans le camp démocrate au cours des prochaines élections du 6 novembre 2018 pourrait mettre un terme aux ambitions de Trump – faute d’accord avec l’ensemble des républicains d’ici-là.

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