Forte mobilisation contre le projet de loi de transition énergétique et contre la réforme ferroviaire

Manifestation nationale par Evelyne Salamero, FNEM FO, FO Cheminots

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants se sont mobilisés et ont manifesté à Paris ce 29 janvier, malgré la pluie battante, à l’appel notamment des fédérations FO pour défendre le service public ferroviaire et celui de l’énergie.

Des milliers d’électriciens et gaziers se sont rassemblés place Denfert-Rochereau à Paris, ce 29 janvier au matin, à l’appel notamment de la Fédération FO de l’Énergie et des Mines et en présence du secrétaire général de la confédération, Jean-Claude Mailly, pour exprimer leur opposition à la loi de transition énergétique. Au même moment des milliers de cheminots se retrouvaient place Iéna à l’appel, entre autres, de la Fédération FO des Cheminots pour exiger le retrait pur et simple de la réforme ferroviaire adoptée l’été dernier. Les manifestants ont défilé dans les rues de la capitale et les deux cortèges se sont rejoints aux Invalides.

« On est là pour défendre notre statut et le service public »

Place Denfert-Rochereau, à la question « pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ? », les réponses ne se faisaient pas attendre, empreintes de détermination.

« Nous venons de Lyon, et des régions Centre et Méditerranée. Nous devions être là parce qu’il y a une grosse menace sur les réseaux de transport du gaz, qui pourraient être encore plus privatisés qu’aujourd’hui », explique cette militante FO de GRT Gaz, filiale de GDF Suez à 75% et d’un consortium public, principal gestionnaire de réseau de transport du gaz naturel en France.

Un peu plus loin, un groupe de quatre jeunes femmes se pressent sous leur parapluie : « On vient de Loire- Atlantique. La loi sur la transition énergétique menace nos statuts et remet en cause le service public. Par exemple, pour l’instant l’État fixe les tarifs régulés, mais si demain on laisse les métropoles choisir entre ERDF ou des entreprises privées, c’est la rentabilité qui va tout commander. Et ce sera la fin de la péréquation tarifaire qui permet que les prix soient les mêmes d’une région à l’autre. Nos statuts sont menacés et l’intérêt des usagers aussi. »

On rencontre aussi des salariés de Tricastin Areva, venus du site de Pierrelatte dans la Drôme qui craignent pour leurs emplois : « Le projet de loi prévoit la diminution des centrales nucléaires et ne prévoit rien en remplacement. Et nous on travaille pour les centrales nucléaires… ».

« Il faut revenir à une entreprise où l’État est garant de la production, du transport et de la distribution »

Roger Corai, secrétaire fédéral FO, lui aussi parmi les manifestants, résume : « Cette loi de transition énergétique finit le travail engagé depuis 2004 d’ouverture à la concurrence, d’éclatement de l’entreprise EDF-GDF et de multiplication des filiales, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’emploi et le service public rendu aux usagers. Le projet de loi dit qu’il faut réduire de moitié la consommation. On dit beaucoup de choses pour en réalité n’en justifier qu’une : le fait que les politiques ont accepté de soumettre les entreprises du secteur à la loi du marché, en oubliant que l’énergie n’est pas une marchandise comme une autre. Alors oui, même si ce n’est pas dans l’air aujourd’hui, il faut parfois savoir être précurseur et dire qu’il nous faut revenir à une entreprise où l’État serait le garant de la production, du transport et de la distribution, comme elle l’était avant 2004 ».

Le retour à une entreprise « intégrée » est précisément la première des revendications des cheminots FO face à l’éclatement de la SNCF en trois établissements dans le cadre de la réforme ferroviaire. Ils exigent aussi le maintien de leur statut, s’opposent aux suppressions d’emplois, revendiquent au contraire davantage d’effectifs et une augmentation générale des salaires.

On comprend que les deux cortèges aient convergé.

Place Denfert-rochereau, bien visible au milieu des banderoles et des drapeaux des électriciens et gaziers, s’élevait aussi le ballon de l’URIF-FO qui regroupe les Unions départementales FO d’Ile-de-France. Son secrétaire général, Gabriel Gaudy, interrogé avant le départ de la manifestation, explique : « La structure interprofessionnelle ne pouvait qu’apporter son soutien. C’est la défense du service public qui est aujourd’hui en cause. Dans l’énergie, on ouvre encore plus à la concurrence et on s’attaque aux statuts. Dans le ferroviaire, c’est la même chose. Si demain on s’attaque à la Poste ou à tout autre service public, on sera là aussi. S’opposer à toutes ces attaques, s’inscrit dans le combat de notre confédération pour la défense du service public qui subit en plus aujourd’hui de très fortes attaques dans le cadre du pacte de responsabilité auquel nous nous opposons ».

« Quand protester ne suffit plus, il faut passer à l’action »

Vincent Hernandez le secrétaire général de la fédération FO de l’énergie et des Mines, est intervenu à la tribune, quelques minutes avant que le cortège ne s’élance en direction des Invalides. « Deux mots me viennent à l’esprit pour commencer : solidarité et service public ! », a-t-il déclaré d’emblée, déclenchant une première salve d’applaudissements, avant d’ajouter : « Vous pouvez être fiers, militants de FO et de la CGT, on montre que c’est dans l’unité qu’on arrive à gagner ! ». Revenant sur l’ouverture à la concurrence qui soi-disant devait permettre la baisse des factures, Vincent Hernandez a rappelé qu’à l’heure actuelle 11 millions de personnes n’arrivent plus à payer pour s’éclairer et se chauffer, se trouvant en situation dite de « précarité énergétique », dénonçant le fait que le projet de loi de transition énergétique ne prévoit rien pour résoudre ce problème. Il a ensuite condamné la volonté de privatiser l’hydraulique, rappelant que FO revendique à ce sujet le retrait des articles 28 et 29 du projet de loi de transition énergétique.

Il a ensuite dénoncé le fait que ce projet de loi ne prévoit rien sur gaz alors que 36 % des foyers se chauffent encore au gaz et condamné l’objectif de réduire de moitié la production énergétique globale d’ici 2050 et de diminuer à 50% la part du nucléaire dans l’électricité en 2025, alors que celui-ci permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Appelant les députés et sénateurs à « venir discuter avec nous », le secrétaire général de la fédération FO de l’énergie et des mines a conclu : « défendons un service public républicain et restons debout face aux employeurs et au gouvernement. Quand protester ne suffit plus, il faut passer à l’action ! ».

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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