Frais bancaires : plus coûteux pour les petits clients modestes

Economie par Valérie Forgeront

Des frais pour tenue de compte, au coût des virements en agence, en passant par le prix des cartes bancaires, les retraits aux distributeurs… Que l’on soit riche ou pauvre, utiliser les services des établissements bancaires coûte cher. De plus en plus cher. Mais, cerise sur le gâteau, ce sont les « petits » clients utilisateurs de peu de services dans leur banque, concrètement les consommateurs les plus pauvres, qui subissent des hausses de tarifs particulièrement salées et « pénalisantes ».

Les publics précaires indique une récente étude de l’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie) subiront, en métropole, une hausse des tarifs bancaires d’un minimum de 1,75% au 1er février prochain. En quatre ans souligne l’étude, ces services ont augmenté de plus de 11% alors que l’inflation sur la période était de 1,9%.

L’enquête qui visait à déterminer ce que seront les tarifs des services bancaires au 1er février 2017 a porté sur 136 établissements de métropole et des Dom, deux banques en ligne et trois assur-banques (Axa, Allianz...).

L’association CLCV s’est ainsi intéressée au coût annuel de ces services pour trois profils types de consommateurs. L’étude a conçu un profil de petit client qui utilise peu de services, celui d’un client moyen, en couple et utilisant davantage de service et celui d’un couple « haut de gamme », gros utilisateur de services.

Le « petit client », célibataire et qui a domicilié ces revenus dans la banque utilise ainsi un panier de services limité. Il réalise trente opérations débitrices par mois dont six chèques, il a accès à la consultation de ses comptes par un serveur vocal téléphonique (36 appels par an), dispose d’une carte bancaire internationale Visa ou MasterCard à débit immédiat, réalise huit retraits par mois par carte bancaire dont deux hors réseau. Il a mis en place un prélèvement automatique vers un établissement commercial et réalise six paiements mensuels par prélèvement automatique (électricité, gaz, impôts, un téléphone mobile, un crédit extérieur et un loyer).

Des hausses énormes en un an

Ce profil ressemble à celui de beaucoup de salariés modestes. Pour les profils « moyens » et « haut de gamme », l’étude a ajouté des services bancaires supplémentaires consommés (carte Gold, gestion de comptes par internet…).

Le coût de la formule de services la moins chère augmente de 1,42% pour les clients de moyenne gamme et de 0,68% pour les clients dits haut de gamme. Concrètement, ces hausses de tarifs sont moindres que celles (+1,75%) appliquées aux formules les moins chères utilisées par les « petits clients » modestes.

Pour ces petits clients, la situation peut même être pire. Pour les services « à la carte », les hausses de tarifs, variant toujours selon les banques, connaissent une progression énorme sur un an. L’étude pointe cinq établissements bancaires appliquant des hausses fulgurantes.

La Banque populaire Alsace Lorraine Champagne par exemple applique des tarifs de services en hausse de 73,68% en raison de l’instauration de frais de tenue de compte à 24 euros par an et de l’augmentation du tarif de la carte à débit immédiat (de 38 à 42 euros).

Jusqu’à 154,70 euros par an

L’enquête s’est attachée à étudier le coût des services bancaires à l’unité et au « package » (ensemble de services faisant alors l’objet d’un tarif forfaitaire). Or, qu’il utilise des services bancaires en les payant à l’unité ou par package, le petit client subira la plus forte augmentation des frais en février prochain.

Il n’a intérêt à utiliser un package que dans 15 établissements bancaires sur les 126 qui en proposent. Un consommateur moyen y a intérêt dans près de la moitié des cas. Les clients « haut de gamme » y ont intérêt dans 54,8% des établissements.

Plus largement, au 1er février 2017, la formule de services la moins chère coûtera en moyenne au petit client 71,49 euros en métropole et dans un établissement bancaire classique. En 2013, cette même formule coûtait en moyenne 64 euros.

Pour un même panier limité de services, le coût varie bien sûr d’une banque à l’autre. Le petit client peut ainsi payer ce panier de 38,34 euros à 154,70 euros selon les banques (structures classiques). Il pourra payer sa formule du simple au double dans le cas des assur-banques. A noter aussi qu’au sein d’un même réseau bancaire (Banque Populaire, crédit Agricole, caisse d’Épargne…), les écarts de coûts des services varient parfois de plus du simple au double.

Les populations les plus en difficulté sont pénalisées

Dans les Dom, la facture pour le panier de services le moins cher grimpera le 1er février prochain à 77,75 euros. Ce montant est conséquent mais il a cependant diminué en quelques années grâce aux actions des associations de consommateurs.

Certes, la même formule de services ne coûte que 8,47 euros dans une banque en ligne ou encore 46,70 euros en assur-banques. Dans ces deux cas toutefois, les conditions d’entrée demandées par ces structures bancaires (montant minimal à déposer sur le compte, frais annexes…) compliquent pour le moins l’accès des clients dont les moyens sont précaires.

L’enquête pointe aussi les produits dont les tarifs augmentent le plus. Des produits particulièrement utilisés par les clients modestes. On trouve ainsi les frais pour tenue de compte, les cartes bancaires classiques à débit immédiat, les retraits aux distributeurs, les virements en agence, les oppositions sur chèque…

D’autres produits dont les tarifs augmentent pénalisent plus gravement encore les populations les plus en difficulté. L’étude relève la lettre d’information pour compte débiteur non autorisé ou encore les cartes à autorisation systématique (des cartes qui vérifient que le compte est alimenté avant tout paiement). Les frais pour incidents tels que les frais pour une saisie sur un compte bancaire dont le coût moyen est de 100 euros sont eux aussi en augmentation : + 9,6% en quatre ans.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante