France : la croissance à taux zéro

Revue de presse par Michel Pourcelot

L’économie française a enregistré une croissance zéro au deuxième trimestre 2015 a annoncé l’Insee le 14 août 2015. Un résultat nul qui a été abondamment commenté dans la presse.

Libération
Au cœur de l’été, c’est une « douche froide pour le gouvernement. La croissance en France a été nulle au deuxième trimestre, alors même que l’Insee prévoyait, dans sa dernière note de conjoncture en juin, une hausse de 0,3% de l’activité. Seule petite consolation, la légère réévaluation des chiffres pour le début de l’année, avec 0,7 % de progression entre janvier et mars, contre 0,6 % estimé jusqu’à maintenant. Résultat : l’acquis de croissance, c’est-à-dire le niveau de l’activité si les deux derniers trimestres affichent, eux aussi, une stagnation, s’établit à 0,8% ». Nano-chiffres au pays de la Macron-économie.

Le Figaro
D’autant que selon l’économiste Jacques Delpla, « une grosse partie de la baisse des prix issue des cours du pétrole et du taux de change a été captée au premier trimestre. Cela a donc conduit à ces bons chiffres. Mais ça ne marche qu’une fois… Et maintenant, on revient aux mauvaises nouvelles habituelles, avec en plus un nouveau facteur : la baisse du secteur du bâtiment, qui parvenait jusque-là à se maintenir malgré la crise. En plus d’être une très mauvaise perspective sur la question de l’emploi pour François Hollande, je pense que la morosité dans ce secteur va durer dans le temps, tirant vers le bas toute possibilité de rebond, comme celle issue par exemple des exportations ».

Les Echos
Hormis la possibilité d’un nano-rebond, il s’agit d’un « faux plat interminable » dans lequel arrive le coup de la panne : « l’exécutif s’est donc efforcé de minorer le mauvais chiffre de l’Insee et de rester optimiste : "La France est en reprise d’activité, en reprise de croissance", a défendu Michel Sapin, invitant à regarder l’ensemble du semestre. "L’hypothèse du gouvernement d’une croissance de 1% en moyenne pour l’année 2015 est plus que jamais confortée", a renchéri Manuel Valls. Et le Premier ministre d’estimer même que cette prévision pourrait être dépassée, ce qui n’a pas manqué de provoquer les railleries de certains élus de l’opposition. Concrètement, il faudrait que l’activité progresse de 0,2% au troisième trimestre et au quatrième trimestre pour atteindre ce seuil de 1% sur l’ensemble de 2015 ». Le Grand Bond en avant de l’économie française sans doute.

Le Monde
Dans une tribune au Monde, le ministre des finances, Michel Sapin, estime qu’« après trois années sans réelle croissance, la reprise se diffuse dans l’économie ». Et de constater que « que le chiffre de la croissance du 2e trimestre, à première vue décevant, vient après un 1er trimestre très dynamique, et qu’au-delà des à-coups d’un trimestre à l’autre, inévitables dans toute phase de redémarrage, la reprise est bel et bien engagée en France ». A moins que seul le point-mort soit bien engagé. Le ministre tient à préciser que « ce résultat, ce n’est pas seulement le fruit d’un "alignement astral" favorable –pétrole bas, taux d’intérêt bas, euro bas. C’est d’abord le résultat d’une politique volontariste : avec le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et la première étape du pacte de responsabilité et de solidarité, ce sont 20 milliards d’euros qui ont déjà été restitués aux entreprises ». Voilà quelque chose qui se "diffuse" mais pas partout. Et tout le reste n’est que stagnation.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante