« Il faut oser porter au niveau européen la bataille contre le dumping social »

Mobilisation par Clarisse Josselin, Mathieu Lapprand

Marc Goblet, secrétaire général de la fédération syndicale belge FGTB. © F. blanc

La FGTB participait au XIIIe congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui vient de se tenir à Paris. Elle appelle les syndicats européens à une politique plus offensive pour améliorer la situation des travailleurs.


Quelles sont les conséquences des politiques d’austérité en Belgique ?

Marc Goblet : Elles engendrent trois remises en cause majeures. Les services publics s’affaiblissent. Les cotisations sociales sont devenues une variable d’ajustement du coût du travail, ce qui remet en cause le modèle de sécurité sociale. Et désormais, le gouvernement et le patronat travaillent main dans la main. La conséquence de tout cela c’est qu’on ne s’attaque qu’aux plus faibles et on ne protège que le capital. Pour la société, l’argent est devenu plus important que l’humain. La conscientisation des travailleurs est un enjeu très important. Lorsqu’on leur parle de cotisations, ils ne pensent plus salaire différé ni protection sociale. Dans le même temps, beaucoup se rapprochent du seuil de pauvreté et doivent faire des choix au quotidien entre se nourrir, se loger ou se soigner.


Lors de ce congrès, François Hollande et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, ont annoncé des mesures d’harmonisation sociale à l’échelle européenne. Y croyez-vous ?

Marc Goblet : Dans son programme, le gouvernement belge citait cent dix-sept fois le mot concertation. Depuis qu’il est au pouvoir il n’y a eu aucune concertation sociale réelle. La richesse de la Belgique ne cesse d’augmenter mais il n’y a aucune politique d’investissement. Les 10 milliards d’euros de baisses de cotisations pour les entreprises n’ont servi qu’à augmenter leurs marges et les dividendes.


La CES joue-t-elle un rôle de contrepoids suffisant ?

Marc Goblet : J’attends de la CES qu’elle soit plus offensive, qu’elle fasse des propositions concrètes pour un projet d’avenir. Elle doit militer pour une politique de relance et d’investissement, l’égalité hommes-femmes, et une harmonisation sociale et fiscale entre les États. À sa création, la CES avait promis de veiller à la concurrence entre les États. Cette dernière n’a jamais été aussi vive, comme on le voit avec la directive détachement. Il faut imposer pour les travailleurs détachés les conditions de travail du pays d’accueil. Le but ne doit pas être un nivellement par le bas des niveaux sociaux, mais leur relèvement. Il faut oser porter au niveau européen la bataille contre le dumping social.


Quels sont les leviers d’action efficaces ?

Marc Goblet : Avec le patronat, il n’y a plus de concertation sociale. C’est un danger pour le syndicalisme. Les syndicats doivent se réapproprier la négociation collective. Pour cela, il faut oser créer le rapport de forces. Je ne comprends pas l’impossibilité pour la CES de coordonner une manifestation au niveau européen sur nos valeurs. 

Propos recueillis par Clarisse Josselin et Mathieu Lapprand

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

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