Jean-Claude Mailly : « Il faudrait que le gouvernement revienne sur le plancher des vaches. »

Loi Travail - #FO26avril par Nadia Djabali

Manifestation contre la loi Travail du 26 mai 2016 à Paris. F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0 - flickr.com/force-ouvriere

Le ton monte : voies ferrées investies, autoroutes bloquées ; après les grèves et les blocages chez les routiers, chez les cheminots et dans les raffineries, les centrales nucléaires sont entrées dans la danse. Des milliers de manifestants sont venus gonfler les effectifs des défilés et rassemblements au Havre, Rennes, Rouen, Lyon, Saint-Nazaire, Caen, Périgueux, Montpellier et Marseille. 100 000 personnes ont été décomptées à Paris. Cette huitième journée de mobilisation conserve le même objectif : le retrait de la loi Travail.

Ce jeudi 25 mai, Manuel Valls a évoqué sur RMC-BFM-TV d’éventuelles modifications du projet de loi. Mais il est hors de question pour le Premier ministre de changer la philosophie du texte et de toucher à l’article 2 qui inverse la hiérarchie des normes.

« Le Premier ministre reste toujours droit dans ses bottes, remarque Jean-Claude Mailly. Le texte n’a pas trouvé de majorité à l’Assemblée. Une majorité de syndicats est contre le projet de loi. Une majorité de français est également contre. Pourquoi s’entête-t-il ? Avoir de l’autorité en tant que Premier ministre, c’est normal. Être autoritariste, c’est autre chose. »

Le gouvernement doit lâcher

Le gouvernement chercherait-il l’affrontement ? C’est l’opinion de Lambert, 63 ans, qui attend assis sur un banc la mise en mouvement du cortège FO. « Le problème, c’est qu’avec cette attitude, tout le monde risque de laisser des plumes. »


Manifestation contre la loi Travail du 26 mai 2016 à Saint-Brieuc.

Bras de fer : c’est l’expression choisie par François. « Il y a quelque mois, le gouvernement a commencé à parler du projet de loi mais refusait déjà de négocier avec les syndicats. » Pour cet homme de 47 ans, il faudrait que les Français se mobilisent plus et prennent conscience que ce mouvement défend l’ensemble des droits des salariés. Il note un point positif : d’après les sondages, la population comprend les grèves malgré les pénuries d’essence. « Le gouvernement ferait mieux de lâcher, remarque-t-il. Maintenant il faut de la patience et de la persévérance. »

Le FMI demande plus de réformes

Michèle est une retraitée de 69 ans. Pour cette ancienne responsable nationale syndicale, c’est clair, « Il ne faut pas céder, il faut aller jusqu’au retrait ». Concernant la position radicale du gouvernement, elle n’est pas étonnée et évoque les prises de position du FMI qui cette semaine a demandé à la France d’aller plus loin que la loi Travail en réformant l’assurance chômage.


Manifestation contre la loi Travail du 26 mai 2016 à Paris. F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0 - flickr.com/force-ouvriere

Stéphanie tient la banderole, en tête du cortège FO. Elle souhaite une grève générale réelle. « Il faut bloquer le pays pour que le gouvernement cède ». Elle travaille à La Poste en Seine-et-Marne, pas très loin de la raffinerie de Grandpuits. Avec d’autres militants syndicaux, elle réfléchit à déposer un préavis de grève illimitée jusqu’au retrait du texte.

Manifestation nationale le 14 juin

« Le mouvement continuera tant que le gouvernement restera braqué », prévient Jean-Claude Mailly. Les assemblées générales sont programmées dans de nombreuses entreprises. Une votation sur les lieux de travail se met en place pour que les salariés transmettent le message au gouvernement. Prochaine mobilisation le 14 juin pour une manifestation nationale à Paris. « Manuel Valls ne devrait pas être surpris, conclut le secrétaire général de FO. Il y a plus d’un an je lui ai expliqué que l’inversion de la hiérarchie des normes, était une ligne rouge pour FO. Tant qu’il ne bougera pas sur cette question, FO sera dans le combat. »


Ennery (57).

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante