Jean-Denys Philippe a toujours rendu traits pour trait. C’est comme ça quand un forçat du dessin jette l’encre. Il devient incisif. Et il l’est toujours après trente ans de dessins de presse qui l’ont buriné autant qu’il a buriné et bourlingué à travers les rédactions. Elles sont nombreuses à avoir vu cet homme armé de sa plume : Le Monde, Marianne, Le Monde diplomatique, L’Humanité, les publications d’Amnesty International et de Force Ouvrière, où sa griffe a marqué les pages de FO Hebdo.
Savoir jeter l’encre
Aujourd’hui, les éditions Helvétius sortent son nouveau livre, Coups doubles. Assemblages drolatiques, dessins politiques. Certes ce chevalier à la table à dessin frappe toujours juste mais il démontre aussi que sa palette s’est très largement élargie comme l’avait montré ses récentes expositions. L’an dernier, il a présenté ses visions de l’âge de fer, celui d’hier et d’aujourd’hui, pour lesquelles il s’était plongé dans des bains d’aide pour héliogravures. Cet « illustrateur-plasticien » ne rectifie pas que l’actu mais aussi les matériaux laissés à bon compte. On a ainsi pu le voir exposer une « reprise de la colonne de la Bastille », en bois flotté, surmontée d’un génie de la Liberté encore noir de l’ombre dans laquelle il avait été jeté. Et Jean-Denys Philippe sait de quel bois il se nourrit quand il met en lumière par la grâce de l’encre noire.
Coups doubles : assemblages drolatiques, dessins politiques de Jean-Denys Phillipe, paru aux éditions Helvétius le 12 septembre 2016. Prix : environ 25 €