« L’accord acte de nouveaux droits pour les salariés précaires »

Actualités par Jamel Azzouz, Stéphane Lardy

Trois questions à... Stéphane Lardy, Secrétaire confédéral FO chargé du secteur Emploi/Formation professionnelle et négociateur à l’assurance-chômage

Quel était l’enjeu de la négociation sur le régime d’assurance-chômage ?
Il y avait deux enjeux majeurs pour la délégation FO. Le premier était de sauver le régime. Tout au long de la négociation, une partie du camp patronal a en effet voulu profiter du contexte économique pour remettre en cause les fondamentaux du régime. Sur la défense du régime, nous avons repoussé la dégressivité des allocations, l’institution d’une indemnisation à la carte et d’une modulation des cotisations par le taux de chômage. Nous avons rejeté aussi le gel de l’écart entre les différents taux de remplacement (mode de calcul des prestations), qui aurait conduit à une baisse générale des allocations. Enfin, alors que le Medef voulait une convention d’une durée de dix-huit mois avec une clause de revoyure semestrielle, nous avons obtenu une durée de convention de deux ans sans clause. En clair, nous avons écarté le danger de faire du régime une coquille vide qui aurait entraîné à terme son étatisation et scellé la fin de sa gestion paritaire.

Quelles sont les avancées pour les chômeurs ?
Nous avons pu acter de nouveaux droits pour les salariés précaires afin de les couvrir au maximum. Un sujet sur lequel nous insistions depuis 2009. À chaque reprise d’activité d’au moins 150 heures leurs indemnisations seront ainsi augmentées, la durée moyenne de leurs droits passant de treize à dix-huit mois. De quoi réduire le nombre de chômeurs en fin de droits à 24%, contre 32% aujourd’hui. Pour les seniors, nous avons évité le recul des bornes d’âge de 50 à 52 ans pour ouvrir le bénéfice à 36 mois d’allocation chômage.

Que répond FO aux critiques sur les dispositions ayant trait aux cadres ?
Pas tous les cadres. Seuls ceux ayant un salaire élevé seront impactés, à la marge, via l’allongement du différé d’indemnisation après un licenciement pour motif autre qu’économique ou une rupture conventionnelle. Fixant la date du premier versement des allocations, ce délai était jusqu’ici de 75 jours maximum. Il pourra aller jusqu’à 180 jours maximum, uniquement pour les cadres dont les indemnités supra-légales de fin de contrat sont élevées. Il s’agit là d’un décalage de paiement et non d’une perte de droits. Si les allocataires ne retrouvent pas d’emploi, ils pourront toujours les utiliser. Le but est d’encadrer les ruptures conventionnelles, utilisées par les employeurs comme préretraites pour les seniors. Une des raisons pour lesquelles FO ne cesse de réclamer le rétablissement des préretraites publiques.

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