Dans son dernier livre, Denis Garnier, syndicaliste et écrivain, raconte le combat des agents de l’hôpital de Saint-Pierre-et-Miquelon contre l’arbitraire de la direction.
Denis Garnier, syndicaliste, écrivain, est assistant à la Fédération FO des Services publics et de Santé, spécialiste de la prévention des risques professionnels et des conditions de travail des personnels hospitaliers. Il siège aussi dans plusieurs instances nationales dédiées à cette question.
Du même auteur : – L’Hôpital disloqué, éditions Le Manuscrit, 2011, 228 pages, 21,90 euros.
–Libérez-vous ! De l’économie contre le travail (préface de Jean-Claude Mailly), éditions Le Manuscrit, 2011, 144 pages, 15,90 euros.
–Les « Pacific’acteurs », voyage conflictuel à Saint-Pierre-et-Miquelon, éditions Chapitre.com, 2014, 232 pages, 14 euros.
Suspense, rebondissements… Le rythme est celui d’un roman policier. Pourtant, c’est l’histoire d’une grève et d’une négociation. Un récit autobiographique que d’aucuns pourraient juger a priori bien prosaïque. Mais tout le talent de l’auteur est précisément de nous faire comprendre et ressentir ce qui se joue de plus humain, de plus noble, dans un conflit. L’émotion affleure en permanence, la tension va crescendo. Les protagonistes ne sont pas de simples supports du récit, ils prennent corps au fil des pages. On s’y attache, certains agacent, beaucoup forcent l’admiration, le respect, d’autres indignent. Comme dans un roman, on a envie que les gentils gagnent et que les méchants perdent, à tout jamais. Tout cela grâce au regard aigu, rigoureux, méthodique même, de l’auteur, mais aussi à sa grande capacité d’empathie. On plonge aussi dans la vie militante, sa richesse, ses contraintes, sa chaleur.
« C’est la directrice ! Elle terrorise tout le monde… Mardi, c’est la grève ! »
Denis Garnier est syndicaliste à la Fédération FO des Services publics et de Santé. Un vendredi d’octobre 2013, à la veille d’un week-end qui s’annonce familial et joyeux, alors qu’il rentre tout juste d’un déplacement, il reçoit un coup de téléphone de son secrétaire général : il doit partir en urgence à Saint-Pierre-et-Miquelon où « nos amis de l’hôpital nous demandent de les aider car ils sont en plein conflit ».
Dès son arrivée à l’aéroport de Saint-Pierre, le décor est planté par les militants qui l’accueillent : « C’est la directrice ! Elle terrorise tout le monde. Des agents parlent de se suicider ! Plus personne n’ose parler et elle est en conflit avec quasiment tout l’hôpital. Donc, on veut son départ ! Mardi, c’est la grève pour ça ! » Visite des services, rencontres individuelles avec les personnels, discussion avec les autres organisations syndicales, assemblées générales, rencontres avec le préfet, avec la directrice elle-même, coups de téléphone avec Paris…, tout y est. La détermination, le courage des grévistes sont au premier plan, mais aussi leurs interrogations, leurs doutes, leurs difficultés. Rien n’est occulté. En particulier lorsque le narrateur explique que le départ de la directrice ne réglera pas tout et qu’il faut avant tout dresser un cahier de revendications précis pour garantir l’avenir. Vont-ils lui faire confiance ? Vont-ils gagner ?
Une belle histoire, prenante de bout en bout, qui se transforme aussi au fil des pages en un bel outil : un manuel, non pas de survie, mais de défense, de résistance, d’organisation et de négociation.
Le blog des hospitaliers FO consacré aux conditions de travail et à leur incidence sur les risques professionnels : fo-sante.org
