L’Insee dresse le portrait d’une France qui stagne

Événement par Mathieu Lapprand

Synthèse annuelle de l’état de santé du pays, l’Insee fait un bilan morose de son analyse. Excepté du point de vue démographique, nombre d’indicateurs sont en berne, tels que l’emploi, les loisirs ou encore le niveau de vie, revenu en 2012 à son niveau de 2007.

Travail dominical : Le week-end, un moment particulier et privilégié
Pour l’institut, les Français consacrent toujours deux fois plus de temps le week-end aux loisirs d’extérieur, à recevoir ou à sortir qu’un jour de semaine. Mais si de moins en moins de personnes travaillent le samedi, la situation est inverse le dimanche, notamment pour les employés et les indépendants. En revanche, cadres et professions libérales sont beaucoup moins nombreux à travailler au moins une heure le week-end en 2010 (21 %) qu’en 1986 (35 %). L’Insee montre également que la répartition du temps domestique fait apparaître « un certain rééquilibrage le week-end entre hommes et femmes au sein des couples ».

Le 19 novembre, l’Insee a publié son Portrait social de la France 2014. Un ensemble d’indicateurs rendant compte des évolutions du pays. Premier constat, la population continue de progresser, elle était de 66 millions de personnes au 1er janvier 2014 et a crû de 280 000 personnes en 2013. Le solde naturel (les naissances moins les décès) est de 240 000 personnes, tandis que le solde migratoire est lui de 40 000. L’espérance de vie à la naissance reprend elle sa progression en 2013 après avoir marqué le pas en 2012 (85 ans pour une femme et 78,7 ans pour un homme).

Mais concernant les revenus, l’étude montre qu’après un recul de 0,9 % en 2012, le revenu disponible des ménages est au point mort. Les revenus salariés n’ont progressé que de 1,3 % « sous l’effet du recul de l’emploi, du fléchissement du salaire moyen par tête et de l’augmentation des cotisations sociales ». En revanche, revenus du patrimoine et dividendes (+3,4 %) repartent à la hausse. Le niveau de vie médian (qui partage la population en deux parts égales) était de 19 740 euros en 2012. « En 2012, en euros constants, toute l’échelle des niveaux de vie est en recul, mais de manière plus marquée en haut et en bas de la distribution », précise l’Insee. Revenu à son niveau de 2007 (19 760 euros), le niveau de vie augmente avec l’âge : dans un premier temps par les revenus d’activité, puis grâce à l’augmentation des revenus du patrimoine. Mais 8,5 millions de personnes (13,9 % de la population) restent sous le seuil de pauvreté, fixé en 2012 à 987 euros par mois. Une première baisse de 0,4 point après trois années de hausse.

Le chômage de longue durée s’amplifie

Le chômage de longue durée touche en 2013 quatre chômeurs sur dix (en catégorie A), soit 1,1 million de personnes. Pour l’Insee, les plus fortes augmentations du taux de chômage de longue durée entre 2008 et 2013 concernent « les catégories d’actifs les plus fragiles : ouvriers, employés, jeunes, personnes sans diplôme, parents isolés, habitants des zones urbaines sensibles, immigrés ».

Le budget consacré aux loisirs et à la culture, un autre indicateur de développement analysé, atteint en 2012 son plus bas niveau depuis 1988. Ce poste de dépense s’était maintenu à 9 % jusqu’en 2007, mais depuis cette date il diminue, jusqu’à 8,1 % en 2012. Enfin, l’Insee constate une baisse des atteintes aux biens en 2011 (-1,7 %) « pour la neuvième année consécutive ». Avec la démographie, l’un des rares indicateurs rassurants pour le pays. -

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante