L’OIT intensifie son action

International par Evelyne Salamero, Yves Veyrier

Commission pour les principes et droits fondamentaux au travail lors de la 106e session de la Conférence internationale du travail. Genève, juin 2017. OIT – Crozet / Pouteau

Alors que les inégalités et les violations des droits syndicaux augmentent, l’OIT, réunie du 5 au 16 juin à Genève, va renforcer sa campagne pour la ratification universelle de ses huit conventions fondamentales, avec un effort particulier sur la liberté syndicale et le droit de négociation.

La planète devrait compter plus de 200 millions de chômeurs fin 2017 et l’emploi précaire concerne 1,5 milliard de personnes, indique l’Organisation internationale du travail. Les inégalités atteignent leur plus haut niveau depuis le milieu des années 1980.

Le nombre de pays en proie à une recrudescence de la violence à l’encontre des travailleurs a augmenté de 10 % en une année seulement, indique la CSI (Confédération syndicale internationale).

Plus de la moitié des cas de violations graves des normes de l’OIT que nous avons étudiés cette année pendant la conférence ont concerné des conventions fondamentales [*], indique Marjorie Alexandre, du secteur international de la confédération FO.

Dans ces conditions difficiles, l’OIT (Organisation internationale du travail) peut toutefois se féliciter des progrès accomplis ces cinq dernières années dans la ratification des conventions par les gouvernements. Ainsi, le nombre de ratifications nouvelles de conventions fondamentales a presque doublé entre 2012 et fin mars 2017 par rapport à la période 2007-2012.

Comme pour souligner cette évolution, le Canada a ratifié la convention 98 sur le droit de négociation collective pendant le déroulement de la conférence, le 14 juin.

Un constat : la baisse du taux de couverture de la négociation collective

La nouvelle a été d’autant mieux accueillie par le groupe des travailleurs que l’insuffisance de ratifications de cette convention et de celle sur la liberté syndicale (87) constitue un sérieux bémol.

Ces deux conventions restent les moins ratifiées des conventions fondamentales et, dans la mesure où des pays aussi peuplés que les États-Unis et la Chine font partie des États qui ne l’ont pas fait, environ la moitié de la population mondiale ne peut avoir recours à ces deux normes fondamentales pour faire évoluer les législations nationales.

L’enjeu est d’autant plus crucial aujourd’hui que la négociation collective peut contribuer de façon déterminante à la réduction des inégalités, soulignait cette année le rapport introductif à la discussion sur les droits fondamentaux.

Or, selon les résultats d’une étude menée dans 48 pays par le BIT (secrétariat permanent de l’OIT), les taux de couverture de la négociation collective ont baissé en moyenne de 4,6 % entre 2008 et 2013. La baisse la plus importante concerne les pays européens qui ont fait des réformes structurelles.

Le groupe des travailleurs a bataillé ferme

Dans cette organisation tripartite, où discutent les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, ces derniers ont dû batailler ferme pour obtenir que les conclusions finales mettent l’accent de manière forte sur la nécessité d’intensifier l’action pour la ratification des conventions 87 et 98, explique Yves Veyrier, secrétaire confédéral FO et, cette année, membre du comité de rédaction de la Commission sur les droits fondamentaux au travail.

Au final, les conclusions adoptées prévoient d’intensifier l’action menée […] pour faire campagne en faveur de la ratification universelle des huit conventions fondamentales d’ici au centenaire [de l’OIT, NDLR] en 2019, en mettant l’accent sur les conventions 87 et 98. 

 Voir en ligne  : Revivez les temps forts de la Conférence internationale du travail (CIT) 2017

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière