L’origine des demandeurs d’emploi source de discrimination

Baromètre par Françoise Lambert

Lors d’un entretien d’embauche, les demandeurs d’emploi d’origine étrangère ont un risque plus élevé que les autres demandeurs d’emploi de subir une discrimination. © Stephane Audras / Rea

Un demandeur d’emploi sur trois déclare avoir été victime d’une discrimination à l’embauche quelle que soit son origine, selon une enquête du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail. L’origine extra-européenne est un facteur important de cette discrimination.

Lors de leur recherche d’emploi, 34 % des demandeurs pensent avoir été victimes de discrimination dont 19 % de façon répétée. Les demandeurs d’emploi d’origine étrangère se déclarent autant discriminés que l’ensemble des personnes interrogées, mais ils sont trois fois plus nombreux qu’au sein de l’échantillon global à estimer que leur origine est en cause. Tel est le constat posé par la 8e édition du baromètre Ifop, réalisée en octobre et novembre 2014 pour le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT).

Les deux tiers des victimes d’origine étrangère (64 %) jugent que la discrimination qui s’est exercée à leur égard était fondée sur leur origine. Ils mentionnent également plus souvent les convictions religieuses (32 % contre 6 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi interrogés) et le lieu de résidence (21 % contre 16 %).

A contrario, l’ensemble des demandeurs d’emploi, toutes origines confondues, cite l’âge comme premier facteur de discrimination.

L’entretien d’embauche, un moment critique

L’entretien d’embauche reste le moment où les discriminations se manifestent le plus fortement – 74 % des chômeurs d’origine étrangère en font état, contre 64 % de l’ensemble des chômeurs. Mais les inégalités de traitement se font jour tout au long de la recherche d’emploi : elles interviennent après l’examen du CV (54 % des demandeurs d’emploi d’origine étrangère le signalent, soit +26 points par rapport aux autres demandeurs d’emploi), voire en amont lors d’une demande de formation préalable à la rencontre avec un employeur (42 % contre 21 % pour l’ensemble des chômeurs).

Parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi interrogés, une très large majorité estime (85 %) que le risque de discrimination à l’embauche est exacerbé avec le contexte de crise économique et de chômage.

Selon l’enquête, si les demandeurs d’emploi s’accordent tous pour dire qu’il est important de lutter contre ce risque, seuls 50 % d’entre eux jugent que la discrimination positive serait efficace pour lutter contre les discriminations à l’embauche fondées sur l’origine. Mais ils se rejoignent à la quasi-unanimité pour approuver des mesures qui permettraient d’améliorer la situation, comme rendre le CV anonyme obligatoire dans les entreprises de moins de 50 salariés ou sensibiliser et former les recruteurs.

Une urgence puisque pas moins de 43 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête ont abandonné leur recherche d’emploi à la suite d’une discrimination et que seules 15 % ont entrepris des démarches pour faire reconnaître la situation de discrimination qu’elles ont subie. -

Inventaire : Quelle discrimination à l’embauche ?
Les demandeurs d’emploi, indépendamment de leur origine, estiment que les facteurs les plus discriminants dans l’accès à l’emploi sont :
 un âge supérieur à 55 ans (pour 88 % de l’échantillon global) ;
 être enceinte (85 %) ;
 arborer un style vestimentaire non conforme aux codes du milieu professionnel (81 %) ;
 avoir un handicap visible (77 %) ou invisible (68 %), ou être obèse (75 %).
Statistiques issues du 8e baromètre Ifop pour le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail, février 2015.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante