L’Université va-t-elle perdre ses facultés démocratiques ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Photographie de Romain Vignes (CC BY-SA 2.0)

Le premier ministre et la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, ayant présenté, le 30 octobre, le « plan Étudiants », prévu pour en 2018, la presse l’a studieusement examiné. Sélection d’aperçus.

Le Monde
Le gouvernement a beau s’en défendre, pour les uns, la réforme de l’entrée à l’université instaure une sélection qui ne dit pas son nom. Pour les autres, au contraire, elle garantit que le bachelier aura le dernier mot dans son choix d’orientation. Sauf, quand la filière est surchargée, ce qui est bien sûr de la science-fiction. En ce cas, les universités pourront placer les lycéens sur liste d’attente lorsque la filière est surchargée. Il ne sera pas possible de refuser un étudiant en licence à partir du moment où les capacités d’accueil seront suffisantes, mais, quand elles seront atteintes, cela se fera en fonction de la motivation et des aptitudes, a précisé Mme Vidal, ministre de l’enseignement très supérieur, ancienne présidente de l’Université de Nice. Déjà, le ton monte dans plusieurs organisations syndicales, qui appellent à la mobilisation le 16 novembre contre la sélection à l’entrée de l’université. Désormais, les universités vont pouvoir dire non à un candidat, dit Lilâ Le Bas, la présidente du syndicat étudiant UNEF.

La Montagne
À l’Université Clermont Auvergne, le président ne cache pas sa joie devant l’arrivée de ce nouveau mode de sélection, pardon, de ces « attendus » : nous n’avons jamais usé du tirage au sort mais il n’est pas exclu qu’à l’avenir nous ayons recours aux attendus, car nos capacités d’accueil et nos moyens sont ce qu’ils sont, et la démographie étudiante aussi. En quatre ans, Clermont est tout de même passé de 30 à 35 000 étudiants, (+ 16,6 %) un nombre qui devrait encore progresser jusqu’au milieu des années 2020. Et comme ailleurs, les filières Staps, psychologie, droit et médecine sont les plus demandées, alors que nous avons de la place en mathématiques, en chimie ou en physique : des filières qui offrent des débouchés professionnels. Futurs juristes devenez chimistes...

Nord Éclair
D’ailleurs, sans perdre de temps, La nouvelle plateforme permettant de formuler ses choix sera ouverte le 18 janvier. Les lycéens devront faire moins de 10 vœux (contre jusqu’à 24 jusqu’à présent sur APB), sans les classer. Chaque vœu devra être motivé. Pour certaines formations, les bacheliers postuleront d’office dans plusieurs universités à la fois, par exemple pour une formation informatique à Bordeaux et non plus formation informatique dans une université précise. Faites un vœu, l’Université reconnaîtra les siens.

Les Échos
Si le mot sélection a été évité, la ministre de l’Enseignement supérieur a quand même évoqué une adéquation qui y ressemble : si malgré les places supplémentaires créées en 2018 ou encore les dispositifs de vœux thématiques groupés, la demande est supérieure à l’offre, les candidats seront retenus sur la base de la meilleure adéquation entre leur projet, leur motivation, leur parcours, et les attentes de la formation demandée. L’adéquation va être salée.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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