La concurrence se refait une beauté à près d’un milliard

Consommation par Michel Pourcelot

Une douzaine des plus grands fabricants mondiaux de produits d’hygiène et d’entretien ont été condamnés à une amende de près d’un milliard d’euros. La cour d’appel de Paris a en effet validé, le 27 octobre dernier, la sanction prise par l’Autorité de la concurrence en décembre 2014. Les industriels ont seulement réussi à faire à peine baisser la somme à payer, qui passe de 951,1 millions d’euros à 948,9 millions. En revanche, les consommateurs auront payé la note.

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C’est le nombre d’entreprises qui tenaient 43 % du marché des produits cosmétiques et d’hygiène entre 2003 et 2006.

Les faits incriminés se sont déroulés entre 2003 et 2006 et portent essentiellement sur des ententes sur les prix qui ont permis de maintenir des prix de vente aux distributeurs à un niveau artificiellement élevé, ce qui s’est répercuté ensuite sur les prix de vente aux consommateurs. Plus précisément, l’Autorité de la concurrence a sanctionné deux ententes par des amendes de 345,2 et 605,9 millions d’euros, la première concernant le marché des produits d’entretien et la seconde celui des produits d’hygiène du corps et de cosmétologie. Sept des entreprises condamnées l’ont été pour leur implication dans ces deux marchés, représentant alors plus de 9,2 milliards d’euros et dont les huit premières entreprises concentraient à elles seules près de 70 % du chiffre d’affaires.

Cris de victoire

C’est l’une des plus importantes amendes jamais infligées par l’Autorité de la concurrence. Son président s’est félicité, en juillet dernier, du bilan de l’exercice 2015, soit plus de 1 milliard d’euros d’amendes concernant principalement le « cartel des colis » et les ententes sur les produits laitiers frais, mais les consommateurs, eux, restent lésés. Les cris de victoire de l’Autorité de la concurrence cachent mal le choix idéologique d’une réglementation a minima, devant entraver le moins possible la liberté de l’entreprise. Il ne reste plus alors que l’intervention a posteriori, conforme à la tendance anglo-saxonne d’un consumérisme judiciarisé, auquel s’est toujours opposée l’AFOC, l’association Force Ouvrière des consommateurs. 

Repères : Quelle est la mission de l’Autorité de la concurrence ?
L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante, qui se présente comme étant au service du consommateur et ayant pour objectif de veiller au libre jeu de la concurrence et d’apporter son concours au fonctionnement concurrentiel des marchés aux échelons européen et international.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante