La Finlande ouvre un nouvel horizon social et économique avec l’allocation universelle

La lettre électronique @ ctualités Europe international n°29 – août 2015 par Secteur International Europe

« Travailler pour vivre, et non pas vivre pour travailler ». C’est en ce sens qu’on pourrait d’abord lire le projet d’un revenu de base que défend le nouveau gouvernement finlandais. Ce revenu de base, remplaçant les allocations sociales et s’ajoutant au salaire des travailleurs, serait versé sans conditions à tous les citoyens finlandais. Ce mécanisme est également au programme dans d’autres européens (en Espagne, en Belgique, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse ; il est discuté en France).

L’objectif de la mesure est de permettre à chacun de vivre dignement (en luttant contre la pauvreté et le chômage), et de s’investir dans des activités choisies. On n’en connaît pas encore les modalités précises. Le dispositif serait d’abord testé dans une région du pays.

Environ 80% de la population finlandaise soutiendrait cette mesure, largement soutenue par les députés, de tout le spectre politique ; elle a donc toutes les chances de voir le jour. Seul le montant de cette allocation reste sujet à caution : entre 440 euros et 1000 euros, selon les partis.

Mais attention. Car si le projet peut séduire, il serait a priori alloué aux finlandais en contrepartie de la disparition des autres aides sociales (aides au logement, aux études, pension de retraite, etc.). Ce qui n’est pas acceptable syndicalement. Il s’agit donc d’encourager le travail individuel et volontaire, et non pas de le nier… Surtout, l’allocation ne serait versée qu’aux citoyens : quid des étrangers ? Auraient ils encore droit aux prestations sociales refusées aux nationaux eux-mêmes ? Il faudra ici veiller à ne pas créer un droit social à plusieurs vitesses – voire discriminatoire.

Dans ce pays où le taux de chômage est de plus de 10%, alors que ses performances économiques dépassent celles de ses voisins européens (PIB / habitant de 46.450 dollars, contre 37.741 pour la France), réconcilier l’économique et le social est une urgence. Mais pas en faisant basculer la responsabilité de l’intégration et de l’inclusion sociale, sur les épaules de l’individu isolé. Ce n’est pas l’avenir de la sécurité sociale. L’allocation universelle est une bonne idée ; qui ne doit pas devenir prétexte à une ultra-flexibilisation des droits sociaux.

Côté syndical, pas de remous en Finlande ; mais le projet, avancé en Belgique, a été dénoncé par la FGTB : « parce que cela voudrait dire que l’allocation universelle ne relèverait plus des cotisations sociales mais serait une forme de revenu d’insertion (…) elle serait entièrement dans les mains du politique et ne ferait plus l’objet d’une négociation paritaire ». « Elle signifierait très clairement la fin de la concertation sociale ».

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