La justice sociale au 21e siècle

OIT par Nadia Djabali

L’Organisation internationale du travail fêtera ses 100 ans en 2019. Dans le cadre de ce centenaire, elle lance une vaste réflexion sur l’avenir du travail et sur les mesures à mettre en place pour servir la cause de la justice sociale.

Aujourd’hui, la population active mondiale compte 3 milliards d’hommes et de femmes, dont 200 millions de chômeurs. Chaque année, 40 millions d’individus arrivent sur le marché du travail. Environ 319 millions de travailleurs vivent avec moins de 1,25 $ par jour. Et le niveau de pauvreté est également préoccupant dans de nombreux pays industrialisés. 27 % de la population mondiale ne bénéficie pas d’un niveau de protection sociale suffisant. 2,3 millions de décès sont dus chaque année à des accidents du travail, et le nombre de personnes qui ne peuvent plus travailler pour cause de maladie ou d’incapacité dépasse aujourd’hui le nombre de chômeurs.

Un constat établi par l’OIT qui aura 100 ans en 2019. Un anniversaire qu’elle veut mettre sous le signe de l’avenir du travail en lançant une vaste réflexion. Car au-delà du contexte cérémoniel, cette réflexion, intitulée Initiative du centenaire sur l’avenir du travail, sera pour l’OIT un outil d’aide à la définition de ses orientations. Et l’objectif de la justice sociale reste pour elle fixé dans son ADN.

Pour ce faire, une commission mondiale a été mise en place le 23 août 2017. Son rôle : désenchevêtrer les enjeux aussi divers que complexes qui touchent le monde du travail. Autant dire que les membres de cette commission auront du pain sur la planche.

Le national et l’international

Car la mondialisation, remarque l’OIT, a pour corollaire l’internationalisation du système de production avec une augmentation des chaînes d’approvisionnement mondiales. Or les institutions du marché du travail, la réglementation et les procédures sont circonscrites à un cadre essentiellement national.

L’internationalisation du marché du travail, quant elle, a des conséquences sur la hausse du nombre de travailleurs qui quittent leur pays pour trouver un emploi. Les migrations internationales concernent actuellement 232 millions de femmes et d’hommes, soit une croissance totale de plus de 50 pour cent depuis 1990, indiquait en 2015 le rapport rédigé par Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. Si ces femmes et ces hommes contribuent de manière non négligeable au marché du travail des pays qui les accueillent, ils connaissent aussi un chômage élevé et une grande insécurité, et se heurtent même parfois à une xénophobie et un racisme déclarés.

Un rapport indépendant

La mission de la toute nouvelle commission : produire en 2019 un rapport indépendant qui servira de base analytique nécessaire à la poursuite de la justice sociale au XXIe siècle. Quatre grands thèmes rythmeront ses travaux : travail et société ; des emplois décents pour tous ; l’organisation du travail et la production ; la gouvernance au travail. Parmi les membres de ce groupe de réflexion, citons la nomination du Français Alain Supiot, juriste spécialiste du droit du travail et professeur au Collège de France.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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