La Palme d’or de la déforestation est attribuée à l’huile de palme

Consommation par Michel Pourcelot

La déforestation dans la province de Riau, à Sumatra, pour faire place à une plantation de palmiers à huile (2007). Photographie de HaydenOil Palm Concession, CC BY 2.0

Quarante pour cent de la déforestation mondiale est due à l’huile de palme, qui se place même devant le commerce, légal ou non, du bois. En Indonésie, Bornéo et Sumatra ont ainsi subi la déforestation la plus rapide de l’histoire de l’humanité, selon le rapport sur « L’huile de palme et la déforestation des forêts tropicales humides », présenté par la commission parlementaire européenne de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (Envi) au Parlement européen, en mars dernier. Il a été examiné par les eurodéputés avant le vote, le 4 avril à Strasbourg, d’un projet visant à de nouvelles mesures destinées à freiner l’augmentation de la consommation d’huile de palme dans l’Union européenne, dont une grande partie est due aux biocarburants. Selon l’ONG Transport & Environnement, en 2014, 46 % des importations européennes se sont retrouvées dans le biodiesel (ou biogazole), tout particulièrement utilisé par l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas, à eux trois responsables de 80 % de la production de biodiesel en Europe.

Une huile qui fait tache

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C’est le nombre de millions de tonnes d’huile de palme importés par an par l’Union européenne, troisième débouché mondial.

On retrouve l’huile de palme, à des degrés divers, dans un grand nombre d’aliments, dont, bien sûr, les pâtes à tartiner, mais aussi la margarine, les chips, les biscuits, les soupes, avec bien souvent pour seule indication : huiles ou matières grasses végétales. Elle est aussi présente dans des cosmétiques, dentifrices, détergents... L’huile de palme a déjà été sérieusement critiquée. Côté santé, ont été pointés les dangers de ses acides gras saturés, pouvant contribuer à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. Du point de vue social, les conditions de travail en place dans nombre de plantations ont été maintes fois dénoncées. Ainsi, en novembre 2016, Amnesty International avait publié un rapport sur celles ayant cours dans des palmeraies à huile en Indonésie, qui fournissent de grandes multinationales : enfants exploités, absence de protection contre un pesticide très toxique et contre les effets de la pollution aérienne due aux gigantesques incendies de 2015, provoqués par la... déforestation. 

 

Zoom : Dégâts collatéraux
La déforestation due aux palmeraies risque d’entraîner la disparition d’espèces animales, de compromettre les écosystèmes marins adjacents et les nappes phréatiques, ce qui, selon la commission Envi, provoquerait un changement global du climat dans les régions concernées, et, partant, un changement du climat mondial.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante