Le gouvernement fait l’économie de certaines pénibilités

Revue de presse par Michel Pourcelot

Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)
Article publié dans l’action Dossier Compte pénibilité

La réforme du compte pénibilité a été annoncée, ce 8 juillet, par le chef du gouvernement, qui a précisé qu’elle était prévue pour entrer en vigueur en 2018. La presse, s’est, plus ou moins péniblement, penchée sur la question. Aperçus.

Le Monde
La nouvelle version proposée par le gouvernement se veut un compromis entre les positions de la CFDT et du patronat, très hostile à cette mesure. Elle hérite pour l’occasion d’un nouveau nom, compte professionnel de prévention, amputé du mot pénibilité.

Le Point
Car la pénibilité est pénible pour le chef de l’État qui a dit qu’il n’aime pas le mot pénibilité : Je pense qu’il faut qu’on trouve un mot qui est plus adapté et qui soit moins négatif. Pour lui, ce vocable renvoie à une idée doloriste dans le rapport au travail qui n’est pas bon. [...] Le patronat est opposé au compte pénibilité, dénonçant sa complexité. Il faut sim-pli-fier. Même dans la douleur ?

Libération
Car Oui, Monsieur le président de la République, aujourd’hui, le travail peut être associé à une douleur. Oui, des dizaines de milliers de Français souffrent au travail. Et ils sont même en forte progression : le volume de maladies professionnelles a augmenté de 4 % en moyenne par an entre 2005 et 2012, principalement à cause de la croissance régulière des troubles musculosquelettiques, due à l’intensification du travail répétitif. Certes, cette frange de la population s’invite rarement sur les plateaux de télévision. Elle ne publie pas non plus de tribunes dans la presse. Elle a l’habitude de serrer les dents en silence. Une souffrance qui cache une profonde inégalité entre les Français. Selon une étude de décembre 2016 de la Dares, la quasi-totalité des salariés du régime général victimes de maladie professionnelle sont des ouvriers (73 %) ou des employés (23 %). L’espérance de vie d’un ouvrier est toujours de six ans inférieure à celle d’un cadre.

Les Échos
D’autre part, les syndicats regrettent que le nouveau dispositif pour le compte pénibilité bascule dans une logique de réparation et non plus de prévention. Si le patronat s’est déclaré plutôt satisfaits de la solution proposée par le gouvernement pour simplifier le dispositif du compte pénibilité, les syndicats sont, eux, déçus voire très remontés. A commencer par la CGT, qui a qualifié de gros raté la manière dont les partenaires sociaux ont été informés du nouveau dispositif par le gouvernement. Les syndicats n’ont pas été prévenus. On a reçu un mail samedi [...]. En matière de concertation et de dialogue, c’est un peu surprenant, a regretté Philippe Martinez, le leader de la CGT. Force Ouvrière a regretté des insuffisances notoires. Quant à la CFDT, elle regrette que le volet prévention ne soit plus une priorité.

La Croix
Ce qui peut être toxique, selon Serge Volkoff, statisticien et ergonome : La réforme garde la logique de compensation pour au moins six facteurs. Ce n’est pas le cas en revanche pour l’exposition aux substances toxiques, et c’est très regrettable. L’exposition aux toxiques est le facteur majeur de différence de longévité liée au travail. Quid de la compensation quand on est six pieds sous terre ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante