Le journal de Klemperer : les mots de la pensée unique

Théâtre par Michel Pourcelot

Patiemment imposés, les mots pavent le triomphe de la pensée unique : philologue juif dans l’Allemagne nazie, Victor Klemperer en a étudié la progression et les rouages jour après jour. Il l’a consigné dans un journal porté à la scène. Une machine à mots mise à nu.

Brochure festival des caves 2016
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Destitué en 1935 de son poste de professeur à l’université de Dresde parce que juif, Victor Klemperer (1881-1960), doit travailler comme manœuvre, mais il continue d’écrire son journal, notant minutieusement, surtout à partir de 1933, tout ce qui a trait aux mots et aux dénominations dans le discours du régime nazi, quelque soit les sources. Cela va de la germanisation des noms de lieux à la multiplication des sigles et abréviations, qui « s’instaurent partout où l’on technicise et où l’on organise », et que justement « conformément à son exigence de totalité, le nazisme technicise et organise justement tout ». Une refondation totale qui passe d’abord par un discours, cherchant à discréditer tout autre que lui. Bientôt trop d’Allemands commencent à penser ce qu’ils disent, entendent et répètent. En 1947, Klemperer publiera son journal sous forme d’un condensé intitulé « LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich », un livre qui se révèle un « mode d’emploi critique de notre présent », comme rappelé dans la présentation de l’ouvrage.

A la cave

C’est avec l’adaptation à la scène, dans une cave bisontine, de ce Journal de Klemperer que Guillaume Dujardin, ex-économiste passé au théâtre et installé à Besançon, avait lancé le Festival de Caves, comme dans une résistance souterraine, prête à la résurgence. 10 ans après, le Journal de Klemperer est à l’affiche de l’édition 2016 de ce festival, qui, selon son créateur, constitue un « réseau des sous-sols à l’échelle européenne, dans lesquels des créateurs inventent des spectacles ». Avec maintes ramifications, au delà-même de la Franche-Comté : 32 spectacles présentés, du 30 avril au 10 juin, dans 80 communes.


Le Journal de Klemperer
Mise en scène et adaptation de Guillaume Dujardin, interprétation de Luc Schillinger, en coproduction avec la Cie Mala Noche (Besançon) et dans le cadre de la 11 ème édition du Festival de caves (http://www.festivaldecaves.fr/).
Renseignements et réservations au 03 63 35 71 04 ou festivaldecaves2@gmail.com
Mai : Besançon : 2, 12, 19, 20 | Saint-Louis : 3 | Andlau : 4 | Strasbourg : 5, 6 | Bouligny : 7, 8 (17 h) | Lons-le-Saunier : 10 | Chariez : 11 | Geneuille : 13 | Pierrefontaine-les-Varans : 14 | Chaucenne : 15 | Saint-Michel-sur-Orge : 26, 27.
Juin : Saint-Martin-le-Beau : 2 | Noizay : 4 (19h) | Besançon : 7, 8, 15| Neuchâtel : 9 | Oricourt : 10 | Thann : 17| Fondremand : 18.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante