Le livre demeure le premier bien culturel malgré une certaine érosion

Loisirs par Clarisse Josselin

Les livres sont encore le bien culturel le plus vendu et le loisir individuel préféré des Français. © Julien FAURE / REA

Les Français lisent en moyenne seize livres par an, selon une étude de l’institut Ipsos parue le 16 mars. Mais un tiers d’entre eux, surtout les plus jeunes, admettent lire de moins en moins, et pas seulement faute de temps…

La France, championne du monde des prix Nobel de littérature avec quinze lauréats, est une nation de lecteurs. Neuf Français sur dix s’adonnent à la lecture et la moyenne est de seize ouvrages par an (dont deux en format numérique), selon une étude du Centre national du livre /Ipsos intitulée « Les Français et la lecture » et parue le 16 mars.

Pour les sondés, le livre constitue « le loisir privilégié à domicile et le premier loisir individuel ». Il permet à la fois de « se faire plaisir » et « d’approfondir ses connaissances ». La grande majorité des Français a d’ailleurs besoin de posséder l’objet et 81 % l’achètent neuf. Seuls 30 % l’empruntent à la bibliothèque.

Le roman est le genre le plus lu (70 %) mais il plaît davantage aux femmes, avec les livres pratiques. Les hommes préfèrent les livres d’histoire et les BD. Pour la première fois, l’étude révèle une rupture de genre entre adultes et jeunes puisque ces derniers affectionnent plutôt la science-fiction et la fantaisie. Les 15-24 ans sont aussi deux fois plus nombreux à lire au format numérique (30 % contre 19 %).

S’ils lisent davantage que leurs aînés (dix-neuf livres par an), 60 % des jeunes le font dans le cadre de leurs études. L’enquête révèle également le poids de l’éducation dans la pratique de la lecture. L’absence de livres dans l’enfance augmente fortement le risque d’être non-lecteur à l’âge adulte et inversement.

Des ventes en baisse de 3 %

Si 18 % des sondés affirment lire de plus en plus, 33 % d’entre eux reconnaissent lire de moins en moins. Cette baisse atteint 45 % chez les 15-24 ans. Deux Français sur trois aimeraient lire davantage et trois sur quatre (72 %) disent manquer de temps pour le faire. Ils pointent notamment la concurrence de la télévision, d’Internet ou de la presse. Mais les jeunes, s’ils avaient plus de temps, préféreraient d’abord sortir avec des amis ou faire du shopping…

Cette évolution des loisirs se ressent sur le marché du livre. S’il est resté le bien culturel le plus vendu (51,8 % du marché) en 2013, ses ventes ont baissé (- 3 %) pour la troisième année consécutive. Selon une autre étude publiée le 12 mars par le Syndicat national de l’édition, qui pointe elle aussi « un moindre investissement des Français dans la lecture », la baisse des revenus tirés des ventes remonte même à 2007 avec une moyenne de - 1,2 % par an.

Quant aux livres numériques, s’ils ne représentent que 1,6 % des ventes, le marché a progressé de 28,6 % l’an dernier. Mais l’application d’une TVA à 20 % au lieu de 5,5 %, comme l’a exigé la Cour européenne de justice le 5 mars dernier, pourrait casser cet élan.


Repères : L’industrie du livre en chiffres
Plus de 68 000 nouveaux titres ont été commercialisés en 2014 (+ 2,5 %). Au total, 704 000 titres étaient disponibles l’an dernier (+ 4,5 %). Le tirage moyen, en 2013, atteignait 5 966 exemplaires.
En volume, 426,8 millions d’exemplaires ont été vendus en 2013 (- 3,2 %). Le chiffre d’affaires était de 2,559 milliards d’euros (- 3 %), dont 4,1 % issus de la vente de livres numériques.
En 2011, le secteur employait 15 923 salariés dans l’édition (- 0,4 %) et 14 564 salariés en librairie (- 3,3 %).

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante