Le triste sort réservé au réseau Mage

Égalité femmes hommes par Nadia Djabali

Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée Grande cause du quinquennat. Le réseau Mage (Marché du travail et Genre), constitué d’universitaires et de chercheurs spécialisés dans l’étude des inégalités de genre dans le monde du travail ne recevra aucune subvention de l’État en 2017.

En matière d’égalité professionnelles entre les femmes et les hommes, il y a les annonces du gouvernement et il y a la réalité sonnante et trébuchante. Malgré une inscription en tant que Grande cause nationale du quinquennat, 7,5 millions de crédits ont été rayés, en juillet 2017, du budget alloué au secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes. L’enveloppe est passée de 29,8 millions d’euros à un peu plus de 22 millions d’euros.

Une diminution budgétaire qui touche en premier ressort les associations et dont vient de faire les frais le réseau Mage (Marché du travail et genre). Il vient de perdre sa modeste subvention de 8 000 euros annuels, qui jusqu’alors avait été renouvelée tous les ans quelle que soit la couleur politique du gouvernement. Une aide qui représente un tiers de ses ressources L’effort de redressement de la trajectoire du déficit de l’État en 2017 nécessite de réaliser des économies importantes, indique le mail reçu par le réseau le 3 octobre 2017. La priorité a été donnée aux actions de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Nous sommes donc au regret de vous informer qu’il ne sera pas possible de financer votre projet en 2017 malgré la qualité de celui-ci.

Un coup dur d’autant plus difficile à admettre que l’annonce de la suppression de la subvention 2017 intervient en fin d’année alors que la plupart des activités et des sommes pour les réaliser ont déjà été engagées.

Plus de 30 centres de recherches dans 13 pays

Le Mage est un groupement de recherche européen dépendant du CNRS créé en 1995. Il étudie les inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, organise des colloques internationaux, des journées d’études, des débats et publie la revue Travail, genre et sociétés

Ce réseau est constitué de trente centres de recherche et universités, dont treize universités à l’étranger. Il s’appuie sur les nombreuses études effectuées en sociologie, économie, science politique, histoire ou droit afin de faire avancer l’égalité sur le marché du travail. Une somme de connaissances mise à la disposition notamment des entreprises, des syndicats et des décideurs publics. L’analyse de la place des femmes et des hommes sur le marché du travail est un fil rouge pour comprendre le statut de l’un et l’autre sexe dans la société, indique le réseau. Le travail est au cœur des relations de genre. Et, à l’inverse, les logiques de genre sont indispensables à la compréhension du fonctionnement des activités laborieuses.

Des moyens insuffisants pour l’égalité femmes hommes

Universitaires, féministes, syndicalistes ou simples citoyens ont d’ores et déjà apposé leur nom sur la pétition mise en ligne sur le site change.org. Parmi les signatures, celle d’Anne Baltazar, secrétaire confédérale du secteur Égalité professionnelle de Force Ouvrière. FO a dernièrement collaboré à la revue Travail, genre et société, raconte-t-elle. Un certain nombre de membres du Mage siègent également au Conseil supérieur de l’Égalité professionnelle. Nous savons ce qu’ils défendent et il ne faut pas que des outils comme ça disparaissent.

Pour 2018, le gouvernement propose pour la Grande cause de l’égalité entre les femmes et les hommes un budget de 29,9 millions d’euros, similaire à celui de 2017 avant les 7,5 millions de coupe opérée cet été. Cette remise à niveau lui permet d’affirmer qu’il s’agit du budget le plus important consacré par un gouvernement à cette cause.

On ne donne pas les moyens là où il faudrait en mettre encore plus, comme au Conseil supérieur de l’Égalité professionnelle où la stagiaire et la secrétaire générale, qui est bénévole, croulent sous les dossiers, continue Anne Baltazar. La dernière réunion du conseil a rassemblé une trentaine de personnes dans une toute petite pièce avec un projecteur qui ne fonctionnait pas. FO est à l’origine d’une proposition de courrier commun avec les autres organisations syndicales demandant plus de moyens pour cette instance.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante