Les conditions de travail et le respect des droits des détenus sont indissociables

Prisons par Nadia Djabali

Photographie : C. Josselin (CC BY-NC 2.0)

Le rapport 2017 du contrôleur général des lieux de privation de liberté est consacré aux personnels. Il pointe des dysfonctionnements dans les établissements et des conditions de travail dégradées qui ont des conséquences sur les droits des détenus.

Agressions physiques et verbales, relations de dépendance et de pouvoir, injonctions contradictoires, sous-effectifs chroniques, conditions de travail dégradées, déficit de formations, il y a encore fort à faire dans les prisons, lors des gardes-à-vue, dans les centres de rétention administrative, dans les centres éducatifs fermés ou dans le cadre d’une hospitalisation sans consentement. Le rapport d’Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, est consacré cette année aux personnels des lieux de privation de liberté.

Postes vacants et arrêts maladie

En préambule, le contrôleur prévient qu’il est erroné de mettre en concurrence les droits des personnes incarcérées et celui des personnels qui les prennent en charge. Et les conditions de travail des agents sont un élément déterminant pour faire respecter les droits fondamentaux des détenus.

Or, remarque, le rapport, difficile de faire respecter ces droits tant les effectifs et les moyens sont insuffisants notamment dans les établissements pénitentiaires, qui plus est, ceux confrontés à une surpopulation carcérale. Du coup, les postes vacants sont quasiment impossibles à pourvoir et les arrêts maladie se multiplient. Des conditions de travail dégradées entraînent un important turn-over des effectifs, de plus en plus souvent composés d’agents inexpérimentés, de vacataires et de stagiaires.

Climat de violence

S’agissant de la violence endémique, le rapport note une réalité jonchée d’agressions physiques et verbales entre détenus ou en direction du personnel. Un climat porteur de risques de dérives dans la prise en charge des personnes : abstention de certains actes, excès de précaution qui prennent souvent la forme de mesures systématiques, réponse inappropriée à la violence.

Le rapport prône donc une série de mesures allant du recrutement de personnels, au renforcement de l’encadrement. Également recommandées, des formations pour les agents sur les droits des personnes privées de liberté ou sur la prévention et la gestion de la violence.

Enfin, pour lutter contre les comportements non professionnels, Adeline Hazan souhaite un renforcement de l’appropriation des règles de déontologie, la systématisation du port d’un matricule lisible et des sanctions en cas de manquements au respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté.

Un document à charge contre les personnels selon FO

Les 26 et 27 juin, soient l’avant-veille et la veille de la sortie du rapport, le syndicat FO Pénitentiaire avait organisé un opération coup de poing à Paris et en région. Dans la ligne de mire syndicale : les conditions de travail déplorables, le climat de violence quotidienne, les rémunérations en dessous du Smic et les 70 heures supplémentaires en moyenne par mois rendues obligatoires par manque de personnel.

Afin de rendre la profession plus attractive et rendre possible les recrutements, le syndicat demande que les personnels du corps d’encadrement et d’application passent en catégorie B de la fonction publique et les officiers en catégorie A.

Mais le document du contrôleur général des lieux de privation de liberté n’enthousiasme guère : C’est encore malheureusement un document à charge contre les personnels. Tous les maux qui y sont décrits sont du fait des agents, regrette-t-on à FO Pénitentiaire.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante