Les experts de la police en grève

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Plus de 80% du personnel de la police scientifique (2 200 agents) était en grève ce jour, 3 novembre. 1 300 de ces fonctionnaires ont participé à des rassemblements dans plusieurs grandes villes de France, dont à Paris.

« Aujourd’hui on a créé un vrai rapport de force. Cela ne peut qu’appuyer notre demande de réouverture de négociations avec le ministère » se réjouit Gérard Bedino, secrétaire national chargé des scientifiques au SNIPAT-FO (le syndicat national indépendant des personnels administratifs, techniques et scientifiques de la police nationale).

Après un premier grand mouvement de grève en 2010, les personnels techniques et scientifiques (PTS) appartenant aux « corps de soutien » de la police nationale revendiquent toujours leur classement en catégorie active au même titre que les autres policiers, lesquels possèdent aussi une qualification judiciaire.

Pour l’instant l’absence de cette qualification pèse sur le travail quotidien des scientifiques. Ainsi un expert devra attendre un agent ou un officier de police judiciaire (OPJ) en cas de constat judiciaire à réaliser.

A l’instar de leurs homologues américains célébrés par les séries télévisées, ces experts effectuent en effet des relevés, des identifications ou encore des analyses de laboratoire dans le cadre d’enquêtes judiciaires.

Ils demandent toutefois toujours que leur statut soit reconnu. Or pour l’instant, les négociations s’avèrent compliquées.

Ainsi explique Gérald Bedino, l’an dernier le ministère avait fait la proposition d’intégrer les personnels de la police scientifique en catégorie active, spécificité qui permet notamment un meilleur déroulé de carrière, donc une meilleure rémunération et ouvre aussi la possibilité d’un départ en retraite anticipée.

Hélas regrette le secrétaire national FO la négociation à capoté.

En juillet dernier, le ministère fait alors une nouvelle proposition consistant à créer une filière autonome spécifique aux PTS avec un statut de catégorie active.

Mais là encore, les choses se compliquent. « Le ministère a fait rapidement machine arrière, probablement pour des raisons budgétaires » s’insurge Gérald Bedino.

Le ministère se borne en effet à proposer que les Experts à la française soient dotés d’un port d’arme et d’une qualification judiciaire. Pour cela serait accordée « une petite prime d’une centaine d’euros par mois ». Pour le SNIPAT-FO « cette proposition constituée seulement de contraintes est inacceptable ».

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante