Un travail de sape. Tel est le principe du harcèlement moral. Et au travail, c’est encore pire car il provoque chez la victime de cette violence insidieuse, généralement doublée d’un abus de pouvoir, une envie irrationnelle de prouver qu’elle est performante. Et ainsi à se tuer au travail. Désormais reconnu et plus facilement sanctionnable, ce fléau constitue le principal sujet du roman de Delphine de Vigan Les heures souterraines, dont l’adaptation télévisée sera diffusée sous le même titre le 6 novembre sur Arte à 20h50. Récemment porté au théâtre avec Thierry Frémont dans le rôle principal, ce livre à succès, en liste pour le Goncourt en 2009, est malheureusement ancré dans une réalité sociale indéniable. C’est l’histoire de deux solitudes, avec au compteur une bonne quarantaine d’années dont beaucoup d’entre elles dévorées par le travail. Deux solitudes dans la multitude menées en des heures souterraines de transport vers ce qui les rongent. L’intérieur miné par l’extérieur. Travaillé au corps et au cœur. Heureusement, il arrive que des parallèles se rencontrent. Tourné pour Arte par Philippe Harel, à qui l’on doit entre autres Les randonneurs, ce téléfilm a été primé lors de l’édition 2015 du Festival des créations télévisuelles de Luchon, tandis que son actrice principale Marie-Sophie Ferdane recevait le prix d’interprétation féminine. Une reconnaissance par défaut pour tous eux qui n’en ont pas.
Les heures souterraines , téléfilm de 104 mn réalisé par Philippe Harel, avec pour principaux interprètes Marie-Sophie Ferdane, Carolina Jurczak, Mehdi Nebbou et Eric Savin. Diffusion le vendredi 6 novembre 2015 à 20h50 sur Arte.
Les heures souterraines de Delphine de Vigan, sorti en août 2009 aux éditions Lattès, 280 pages, 17.30 euros.