Loi Travail - une semaine déterminante pour la mobilisation

Emploi et Salaires par Yves Veyrier

Manifestation contre la loi Travail du 19 mai 2016 à Paris. Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0 - flickr.com/force-ouvriere

La grève s’étend cette semaine, dans le secteur pétrolier, alors que les cheminots observeront à nouveau deux jours de grève mercredi et jeudi. Jeudi 26 mai, sera aussi une grande journée de grèves et manifestations à travers tout le pays. Le 19 mai dernier, alors que la journée avait encore conforté la mobilisation après pourtant trois mois d’actions, les confédérations syndicales FO et CGT, et les organisations syndicales FSU, Solidaires et, pour les étudiants et lycéens, UNEF, FIDL et UNL, ont aussi lancé une journée nationale de grève interprofessionnelle et de manifestation à Paris le 14 juin.

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a clairement indiqué que si les salariés « décident de poursuivre le mouvement, on le soutiendra. »

Dans leur communiqué commun, les syndicats opposés à la loi Travail en appellent solennellement au Président de la République, alors que le texte poursuit son parcours parlementaire (il sera examiné au Sénat du 13 au 24 juin), réaffirmant leur détermination pour que la loi préserve notamment « la hiérarchie des normes, élément protecteur pour tous et toutes les salarié-es. »

Hiérarchie des normes : le premier ministre se contredit

Le premier ministre, qui avait accusé les syndicats FO et CGT de vouloir « attiser les inquiétudes » dans le secteur du transport routier, et affirmait que « sauf accord de branche signé par une majorité des organisations syndicales, les heures de conduite supplémentaires des routiers resteront payées 25% de plus », s’est attiré une sévère réplique de Jean-Claude Mailly : « Je ne sais pas si le Premier ministre a lu le projet de loi », lui a t-il répondu rappelant que le verrou de la majoration des heures supplémentaires à 25% par les accords de branches, tel que prévu dans le droit actuel, était mis en cause par le projet de loi Travail. Et de lancer : « Alors s’il est pour la loi actuelle, qu’il ne la change pas ! Car demain, avec le projet de loi tel qu’il est, même s’il y a un accord de branche, une entreprise pourra déroger. »

Les routiers gagnent l’exemption mais...

D’ailleurs ce week-end, face à la mobilisation des routiers, le gouvernement a finalement dû concéder qu’il pourrait exonérer la branche de l’application de la loi Travail, démontrant, s’il en était encore besoin, le danger qu’elle représente... mais qui demeure dans tous les autres secteurs. Sachant, qui plus est, que circonscrite au temps de travail dans un premier temps, la suppression du principe de faveur ne manquerait pas de frapper progressivement tous les droits des salariés.

Afin d’amplifier la mobilisation interprofessionnelle, les syndicats ont décidé également de mettre en place une grande votation dans les entreprises et administrations.

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière