Lundi noir à la Bourse : le jour où la Chine calera

Revue de presse par Michel Pourcelot

La forte baisse des Bourses asiatiques enregistrée lundi 24 août, et entrainant celles des places européennes, a conduit la presse à s’interroger : quelles seraient les conséquences d’un ralentissement chinois majeur ?

La Nouvelle République
« Dans le sillage de l’Asie, les marchés financiers ont connu lundi une journée noire rappelant les pires heures de la crise de 2008. La planète finance tournait à l’envers hier (lundi). Face aux possibles effets du ralentissement chinois sur la croissance mondiale, les inquiétudes s’amplifient. "La journée a été traversée par des mouvements massifs sur l’ensemble des marchés. Celui des actions et des matières premières, à la baisse. Et celui des parités monétaires constatant la hausse de l’euro face au dollar" résume Erik F. Nielsen, chef économiste d’Unicredit ». Tangage et roulis.

Le Monde
Plus un double effet Chine Cool : « Cette débâcle du marché chinois se double d’une chute du prix du pétrole, le brut américain repassant sous la barre des 40 dollars. Même si les consommateurs (les industries principalement) peuvent se féliciter d’une réduction de leur facture d’approvisionnement, ces baisses de prix ne sont pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale : la désinflation signifie généralement un ralentissement de la croissance et donc à la clé moins de création de valeur, moins de consommation, moins d’emploi, moins d’investissement, etc. ». Bref, ce que l’on a déjà mais en pire.

Challenges
Le pire serait-il donc à venir chez nous ? Sachant que « l’Europe n’est pas immune en cas de crise mondiale : après un premier semestre de bonne facture, les entreprises européennes pourraient pâtir au deuxième semestre d’une baisse de leurs exportations. Et l’euro n’est pas la devise la mieux placée en cas de guerre des monnaies à cause d’un processus de décision plus long, nécessitant l’accord de 28 pays. "Si l’euro dépasse durablement les 1,15 dollar, c’est un des éléments de la conjonction des planètes qui disparaîtra", estime Alain Pitous ». Sans doute un expert en astro-économie, science exacte s’il en est.

Le Point
Heureusement un spécialiste en nano-performances rassure : « L’impact de la tourmente financière et du ralentissement de l’économie chinoise pour la France et les économies européennes ne devrait pas aller "au-delà de quelques dixièmes de points" de PIB, juge le Premier ministre Manuel Valls dans des déclarations aux Echos mardi ». Des broutilles au pays de la Macron-vision, où l’on voit les choses en rose.

La Dépêche
A terme, l’optimisme n’est pas partagé. Ainsi, pour Marc Touati, du cabinet d’analyse économique ACDEFI, « cette crise peut être plus grave que celle de 2008 ». Car « même la croissance chinoise n’est pas éternelle. Il faut se rendre compte du rôle de moteur de l’économie mondiale que joue la Chine : l’Empire du Milieu génère à lui seul 40% de la croissance internationale. Sur 3,5% de croissance 1,2 point vient de Chine chaque année. C’est la locomotive mondiale : si elle ralentit, tout le monde cale ». A moins que la motrice soit la consommation européenne dont l’asphyxie prive d’air le moteur chinois.

L’Obs
Pour Goldman Sachs, « les dernières données macroéconomiques en Chine suggèrent que la croissance reste léthargique, mais elles ne sont pas faibles au point de justifier les craintes d’un atterrissage brutal ». Certes, mais quand on a déjà les masques à oxygène, on peut légitimement craindre la dépressurisation.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante