Lutter contre le gaspillage alimentaire

Consommation par Françoise Lambert

Les denrées alimentaires gaspillées représentent un total annuel de 7 millions de tonnes de déchets en France. © Michiel Wijnbergh / HH-REA

Tour d’horizon d’une question qui nous concerne tous, alors que le Conseil constitutionnel a retoqué fin août des mesures visant à interdire aux grandes surfaces de jeter les produits alimentaires invendus.

Nous jetons chacun de 20 à 40 kg de nourriture par an en France, dont 7 kg de marchandises encore emballées. Ce qui représente 1,2 million de tonnes de nourriture perdue, pour un coût total de 12 à 20 milliards d’euros par an. Le gaspillage alimentaire ne concerne pas que les particuliers, mais tous les acteurs qui se succèdent au long de la chaîne alimentaire, fabricants, transformateurs, entreprises de la grande distribution, restaurateurs et, in fine, consommateurs. En prenant en compte l’ensemble de cette chaîne, ce sont plus de 7 millions de tonnes de déchets qui atterrissent dans les poubelles de l’Hexagone.

Les ménages s’affichent toutefois premiers au hit-parade des gaspilleurs. Ils sont responsables de 70 % du gaspillage, suivis par les restaurateurs (15 %) et la grande distribution (5 à 10 %).

Interdire la javellisation des denrées jetées

Dans un rapport remis au gouvernement au printemps, le député et ancien ministre de l’Agroalimentaire Guillaume Garot a proposé 36 mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire, avec l’objectif de diviser de moitié le phénomène d’ici à 2025 – comme l’a formulé le Parlement européen dans une résolution de 2012. Parmi les préconisations du rapport Garot figurent la sensibilisation de tous les acteurs ou encore la valorisation énergétique des déchets. Mais ses dispositions phare visaient essentiellement la grande distribution : interdiction de jeter les invendus et donc de javelliser les denrées jetées pour les rendre impropres à la consommation, suppression de la date limite d’utilisation optimale (DLUO) sur certains produits d’épicerie (vinaigre, sucre…) qui restent longtemps comestibles, ou encore développement des dons de nourriture aux associations. Cette dernière mesure, ainsi que l’interdiction faite aux distributeurs de javelliser des aliments encore consommables ont été insérées dans la loi sur la transition énergétique adoptée le 22 juillet. Mais le Conseil constitutionnel a censuré l’article concerné le 13 août, jugeant qu’il était constitué d’amendements introduits tardivement, sans lien avec la loi. Depuis, les enseignes de la grande distribution ont signé, à l’initiative du ministère de l’Écologie, une « convention d’engagement volontaire » qui reprend les dispositions retoquées par le Conseil constitutionnel. Les grandes enseignes ont déjà engagé depuis quelques années des actions antigaspi, mais le gouvernement souhaite développer la lutte contre le gaspillage.


Repères : Radiographie du gaspillage
Un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillé chaque année.
Ce qui représente 1,3 milliard de tonnes par an et plus de 160 kg de marchandises par personne. Le coût direct de cette nourriture perdue s’élève à 1 000 milliards de dollars. L’impact du gaspillage alimentaire sur l’environnement en fait le troisième plus gros émetteur de gaz a effet de serre, après la Chine et les États-Unis.
Le volume d’eau mobilisé pour cette production non utilisée équivaut à trois fois la capacité du lac Léman (350 km3).

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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