Mise en place des droits rechargeables, la direction de Pôle emploi a « bogué »

Assurance chômage par Mathieu Lapprand

Pôle emploi : agents et usagers subissent les conséquences de la mauvaise anticipation de la mise en place des droits rechargeables. © Richard DAMORET/REA

Malgré les alertes émises depuis plus de trois mois par FO, la direction de Pôle emploi a nié, à tort, le risque d’engorgement de ses agences lié à la mise en place des droits rechargeables pour les chômeurs.

La nouvelle convention d’Assurance chômage, signée par FO, crée les droits rechargeables qui permettent à tout demandeur d’emploi qui retravaille de voir sa durée d’indemnisation allongée. Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi, avait pris l’engagement d’être prêt à traiter ce nouveau droit à compter du 20 octobre (une évolution du logiciel utilisé par les agents étant nécessaire), alors que les demandeurs d’emploi peuvent en bénéficier depuis le premier jour de ce même mois.

Une situation aussi prévisible qu’anticipable

FO Pôle emploi a alerté la direction dès juillet, puis lors du CCE du 4 septembre, sur les risques du dispositif. Les demandes cumulées des trois premières semaines d’octobre ne pouvant être traitées informatiquement devaient donc l’être à partir du 20, en plus de la charge de travail habituelle.

Évidemment, le logiciel n’a été prêt que le 24 octobre et depuis c’est la course contre la montre pour traiter les dossiers avant le 5 novembre, date de paiement des allocations.

« Ça risque de coincer pour tous ceux dont la situation change : les nouveaux entrants comme les gens qui arrivent en fin de droits et qui ont des droits rechargeables à faire valoir », explique Fabien Milon, délégué central FO. Le nombre d’agents compétents pour traiter les dossiers étant limité, seules des heures supplémentaires et des fermetures d’agences permettront de résorber le stock, au détriment de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. 

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante