Moins de médecins généralistes et plus de déserts médicaux

Démographie médicale par Françoise Lambert

La France n’a jamais compté autant de médecins. Mais leurs effectifs sont vieillissants et leur répartition s’avère très inégale. Résultat : certains territoires pâtissent d’ores et déjà d’un manque de praticiens.

©Patrick ALLARD/REA

Une situation paradoxale. Les médecins n’ont jamais été aussi nombreux en France, mais certains territoires manquent de plus en plus de praticiens. L’Hexagone totalise plus de 215 500 médecins en activité, parmi lesquels près de 89 800 médecins généralistes (dont 58 100 en activité libérale et 31 600 salariés). Ces chiffres, issus de l’Atlas 2015 du Conseil national de l’Ordre des médecins, confirment en outre de fortes disparités régionales.

Sur les vingt-deux régions que comptait l’Hexagone au 1er janvier 2015, huit affichaient une densité médicale supérieure à la moyenne nationale de 281,4 médecins pour 100 000 habitants. Parmi elles, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (352 médecins pour 100 000 habitants) et Paris (678,2). À l’opposé, la Picardie restait, comme l’année précédente, la moins bien dotée avec 230,9 médecins pour 100 000 habitants, suivie du Centre (235,5).

Au sein de ces régions, y compris au sein des mieux dotées, certains territoires sont particulièrement délaissés : des zones rurales, des banlieues, mais aussi des villes moyennes comme Châteauroux et des métropoles comme Paris. La Région Île-de-France enregistre la plus forte baisse de médecins en activité régulière, avec une diminution de 6 % entre 2007 et 2015.

Globalement, les effectifs des médecins ont diminué de 0,2 % entre 2007 et 2015 et ceux des généralistes libéraux de 10,3 %. Si la tendance se poursuit, la France ne compterait plus que 54 000 généralistes libéraux environ en 2020.

La situation est plus contrastée du côté des spécialistes. Si le nombre de chirurgiens a fait un bond depuis 2007 (+ 25,7 %), les effectifs de gynécologues ont baissé de 31,3 % depuis 2008.

Comment expliquer la baisse des effectifs, particulièrement sensible parmi les généralistes ? Pour l’Ordre des médecins, mettre en cause le numerus clausus, c’est-à-dire le nombre contraint d’étudiants admis en études de médecine, serait « trop restreint », d’autant qu’il a « plus que doublé ces dix dernières années pour atteindre 7 497 places ».

Plus du quart des praticiens ont au moins 60 ans

Le vieillissement des médecins reste un des facteurs d’explication. Plus du quart des praticiens inscrits à l’Ordre des médecins ont au moins 60 ans et 23 % des médecins en activité sont retraités.

Infographie : F. Blanc

Autre enseignement, l’exercice libéral ne fait plus recette chez les jeunes. Chaque année, un quart des médecins diplômés préfèrent exercer d’autres professions, par exemple dans l’administration. Parmi les nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins en 2015, 61,6 % ont choisi d’exercer leur activité en tant que salarié, dont 26,6 % comme chef de clinique. 


Focus : Une profession qui se féminise
Les jeunes femmes médecins sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes. Elles représentent 58 % des effectifs des médecins libéraux de moins de 45 ans. Et 60 % des médecins généralistes âgés de moins de 40 ans sont des femmes. La gent féminine constituait 36 % des effectifs de médecins généralistes libéraux en 2015, contre 29 % en 2007. Globalement, généralistes et spécialistes confondus, les femmes médecins représentent 55 % des effectifs.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante